III
La table des matières
Le point introuvable — De tout ce qui précède ressort la très grande difficulté — aux frontières de l’impossible — de déterminer avec précision le « centre » de la Forme Vide, le Point du Renversement.
Cette difficulté a une triple origine :
a) logique : de quel point d’une circonférence doit-on partir pour tracer la circonférence? Joachim de Flore donnait : 1260, Dante et les Renaissants 1515 (ou, certains d’entre eux, 1538), les Révolutionnaires français 1789 (ou 1792).
Pour Thomas More, ce devait être la Concordance avec -252, pour Rabelais avec -160, pour Montaigne avec -50. Soit, 2160 ans plus tard : vers 1908, ou 2000, ou 2110, mais ce centre X (projeté sur la circonférence) n’est encore — et ne peut être — qu’une approximation.
b) Numérique, le jeu n’échappe pas au « degré de liberté » propre au rythme — de vie ou de durée — de l’objet même (le cycle en est un).
C’est abstraitement que je donne au Jaune telle longueur d’onde, ou au La telle fréquence. Le point d’audition optima d’un poste émetteur n’est presque jamais celui de la fréquence donnée, mais un peu en-deçà ou au-delà, selon la région d’écoute (par un canal, dit-on, moins chargé, passager).
Dans les temps de Toussaint, de Terre Promise, d’Eden, l’écart entre deux cycles déborde les 2160 ans. Il atteint les 2196 ans, à l’apogée de Moïse (le Sinaï) au couronnement de Charlemagne. Mais, entre deux Formes Vides successives, l’écart se réduit à 2138 ans, d’Alexandre à Napoléon ou de la fin de Philippe V à celle de Charles de Gaulle (-179/1969), de Démétrios à Napoléon III, d’Antiochos III à Hitler, etc.
Comme le « h » de Planck, toute constante n’est ici qu’un facteur d’indétermination (+ ou – 36 ans).
c) Aucun cycle connu ne peut être étudié en soi-même, mais seulement comme contenu en un autre cycle : le degré de liberté dans la saison, au 1/4 de l’année; le degré de liberté du mois (lunaire ou grégorien) dans les 6940 jours : de 228 mois grégoriens à 252 mois lunaires (par 235 lunaisons), à quelque 1/4 du « degré » précessionnel : 72 ans; le degré de liberté des solstices dans l’année (du 10 au 27 décembre, du 24 au 20 juin) en quelque 6000 ans, au 1/4 de la Grande Année, etc.
Aucun cycle non plus ne peut être analysé en ses étapes ou en ses phases sans risquer de les confondre avec des phases d’ampleur moindre : de 180 ans en 2160, de 15 en 180, de l’heure dans le jour. Ces cycles contenus étant, quelque part, non de 180 ans mais de 144 ou 12², non de 15 ans (le plus grand cycle d’activité solaire) mais de 12 ans : l’un des zodiaques chinois ou le cycle jupitérien, etc.
Exemple : la phase « Grand Architecte », au 18ème siècle, ne définit pas le Sagittaire chrétien (Eros, l’Arkhon) sur deux mille ans, mais seulement une phase sagittaire, de quelque 168 ans, depuis le dieu de Gloire de Loyola, au 16ème siècle. La Vierge lunaire du 12ème siècle ou l’Assomptionnée du 19ème ne furent que des phases virginales de plus ou moins 180 ans, non pas l’exacte formulation de la Vierge dans l’ère chrétienne : Marie ou la Maya.
Il arriva que le Sagittaire fût le Loup et la Vierge une petite fille, le Chaperon Rouge, dans les contes de Ma Mère l’Oye… Le conte faisait une lecture d’un évènement vieux de deux siècles : la rencontre de la Pucelle d’Arc avec une autre virginité, un autre Feu.
Mais, autrement, l’Oye était toujours celle du Capitole (la Préservatrice) ou la Vierge Silvia, mère des jumeaux romains, dont le père était Marès, le Mars, l’Arès étrusque, et la mère adoptive une Louve.
Car les suites se reproduisent d’une ère à l’autre. D’Arès à Eros l’Archer fut le Loup (Lycus), comme, deux mille ans plus tard, du dieu de Gloire au Grand Architecte; et la Vierge fut cette oie (la pureté même) ou cette très jeune fille, entre la Princesse Serpente ou la déesse-lune d’une part, Perséphone enterrée ou la Vierge de Salette, de Lourdes, de Fatima, de l’autre, sur les deux millénaires aussi.
Ce n’est cependant pas dire que, depuis sa « mort », en l’ère du Cancer ou du Grand Serpent, l’Archer ne fut que ce Loup, quand il fut l’Arc-en-ciel et l’Arche, etc. Et ce n’est pas dire que, depuis sa mort, en l’ère du Justicier, la Vierge ne fut que cette Oie ou cette petite pucelle, quand elle porta le Christ et guérit les aveugles, fut la Préservatrice, la Prévoyante, la Mère de Dieu : Théodika. Ils ont seulement suivi, tous deux, le parcours même que tous les dieux suivent en leur mort.
Comprend-on, à présent, pourquoi il n’est pas si simple, ni assuré, de situer le début et la fin d’un cycle, d’en mesurer les phases ou les degrés, d’en distinguer les nominations propres (années, mois, jours) de celles d’autres cycles, contenants et contenus?
Comment s’y retrouver?
Ce peut être par l’étude approfondie d’un temps — le plus court possible — comme mon ami Lauric Guillaud le fait en sa thèse de Doctorat d’Etat, sur la courte période : 1864/1932.
Il y traite des Mondes Perdus dans le roman dit « fantastique », depuis Le Voyage au Centre de la Terre jusqu’à King-Kong, et y recense 666 ouvrages, avant et après Le monde perdu de Conan Doyle.
Ce Centre — 1905 — est aussi le point d’effondrement de la dernière secte de création : Golden Dawn autour de laquelle ont gravité Rohmer, Machen, Yeats et qu’ont connue Doyle lui-même, Kipling, Merritt, Lawrence, Guénon, Lytton, etc.
C’est le premier triomphe de la race jaune sur la blanche (du Japon sur la Russie), le renouveau de l’Etat et du Pays contre l’idée de « nation ». Mais aussi, l’éveil de la nouvelle science (Planck), le reniement de Jules Verne, au moment de sa mort (L’éternel Adam) et la non-découverte de l’Enfant prédestiné, nouveau « roi » du Boutang, etc.
Avant 1905, dit Lauric, les romanciers du Monde Perdu le recherchaient comme la « cache » ultime à découvrir, pour que le Rationalisme, le monde sans dieu, triomphe définitivement. Après cette date, les révélateurs du Fantastique ne feront que dire la « casse » inévitable que la découverte du Monde Perdu fera éprouver à l’Univers; car Merritt et Hodgson, Lovecraft et tous les autres n’annonceront plus que le réveil, le retour des Grands Anciens, en même temps que les fléaux du 20ème siècle : les guerres universelles, les effets de la science, le cancer, les pollutions, les tremblements de terre, le stress et l’entropie.
En ce 1905, la plus petite explosion du Soleil observée depuis 1790, une Forme Vide est devenue l’autre : celle, pleine de vents et de principes rationalistes, du 19ème siècle est devenue la Forme Vide (de toute matière, de toute réalité) que formulent, en effet toutes les machines du 20ème siècle, de Jarry à Laborit, de Kafka à Solié.
De la machine célibataire au Big Bang — On doit élargir le « temps » étudié par Guillaud.
L’éveil du Fantastique se situe en 1764 (à 1830, plus ou moins), c’est-à-dire du roman de Casanova sur la Terre Creuse à l’œuvre commençante de Poe et de Nerval. S’y retrouvent : Le manuscrit trouvé à Saragosse et Frankenstein, le roman de Mary Shelley, mais aussi les grands romantiques anglais (Coleridge, Shelley, Byron, Keats) et germaniques (Hölderlin et Von Kleist, Goethe et Schiller). S’y retrouvent Kant et son disciple Hegel, mais aussi de Walpole à Balzac, par Radcliffe, Lewis, Maturin, tous les ingrédients de « notre » fantastique, en Hoffman, Aloysius Bertrand, Blake, etc. La fin n’en peut être encore datée : elle n’est pas où généralement on la situe, par le Surréalisme, d’Apollinaire à Breton.
Car cette fin « commence » à Rimbaud. Elle aboutit à ceux qui ont vécu la Forme Vide : le colonel Lawrence, Gilbert-Lecomte, Artaud, Beckett, précisément exclus par le Surréalisme (comme Crevel ou Vaché), parce qu’ils allaient beaucoup « trop loin ».
Le Romantisme est, ici, comme le début nommé du Fantastique, mais les Romantiques français, un Lamartine ou un Musset ou un Vigny en sont bien loin, malgré La chute d’un ange ou Eloa. Le Surréalisme en est comme la fin nommée, mais qu’ont de commun les marxistes, Eluard ou Aragon, avec l’immense éveil? Il fallait faire, avant que de nommer; ces facteurs sont éternels : le vieux marin ou Endymion, non pas les Harmonies du Lac.
Il fallait vivre, au-delà de la nomination : Les cahiers de Rodez ou le Grand Jeu survivent déjà aux manifestes de Breton.
Or, ici, à l’encontre des Quêtes du Graal, la lecture (et, même, le lisible, de Lamartine à Breton) est dans les actes, de la folie, essentiellement, de Hölderlin à Artaud, qui contiennent les lectures.
– La Promesse : le Sang – La folie de Hölderlin
– Les quêteurs : Gauvain/Galaad – Les lectures, du romantisme,
autour de Perceval du symbolisme, du surréalisme
-La Réponse : les lectures – La folie (de Nietzsche, de Van
(de 1180 à 1260) Gogh, de Louis II, d’Artaud)
En 630 pourtant, le moyeu de l’Œuf, nous avons révélé ce vide : la mort du Roi, qu’on ne cessera de revivre pendant douze siècles. Vers 1905, le moyeu de la Roue se découvre à nous comme une excroissance : un relief, que formulent les Machines Célibataires (de Poe à Roussel).
La mort du Roi était le chevauchement même entre l’acceptation de la Cache (qui fait le délit de la pierre) et la nécessité de la Casse (du joint entre les feuilles d’ardoise). C’est le déclin qui fait la Forme Vide : la Cache d’une part, la Casse de l’autre (ou l’occultisme des mythologues, l’entropie du scientifique), la Grande Marge.
De la coagulation suprême, les Graals ou l’alchimie ont dit tout ce qu’on pouvait dire. De la dissolution souveraine, il reste à dire ce que la Forme Vide enseigne : le passage des Machines Célibataires (ses reliefs/vestiges) à la glorification du Néant (le relief du virage).
Mais, au contraire, le Graal de Perceval était souverain (le plus compact, l’Etre en soi), la Forme Vide de Roussel ou d’Artaud est suprême : dernière étape de l’anéantissement.
Un petit cycle — Ce que décrivent les phases du Fantastique, c’est, depuis 1764 jusqu’à la fin de la dernière guerre mondiale, un petit cycle de 180 ans, ou 2160 mois. Etrangement, il renouvelle, à une échelle moindre, le grand cycle des 2160 ans, si JE en considère seulement les lectures, celles des Quêtes et celles des alchimies, de -360 à 1800.
Contre toutes les règles, afin d’éclairer le cycle, il convient d’en donner le schème, avant de le démontrer.
Comme les 900 ans du grand cycle, les 72 ans recouvrent (e-2) : le cycle (180) moins le Cœur : 36; si bien que les deux voies peuvent se prendre :
1 + (e-2) ou 108 + 72 ans, autour de 1872,
(e-2) + 1 ou 72 + 108 ans, autour de 1836.
Dans la seconde formule, (e-2) formule les apparences, ou les « couleurs » de l’enfance du mythe — depuis son point 0 : sa conception, sinon la séparation — encore — du spermatozoïde et de l’ovule (la naissance du père et celle de la mère?).
Dans la première formule, (e-2) date les phases de la durée de l’Unité achevée, par des notations de musique ou factorielles inverses, comme de la maturité de tout individu jusqu’à sa mort.
Une telle machinerie ne peut être saisie que par les 3 temps :
1) le mûrissement de l’Œuf dans la matrice : le romantisme et l’enfance, sur 72 ans,
2) le passage de l’œuf-objet (dehors) au pubère-sujet (dedans, comme sexe), sur 36 ans,
3) un 3ème temps, qui n’est qu’une durée, sur 72 ans aussi.
1) Au départ s’offre le pressentiment du dieu futur : le Démon de Walpole, de Radcliffe, d’Hoffman, de Maturin, de Mary Shelley, mais aussi de Goethe, Byron ou Lermontov, de tous les grands romantiques allemands, anglais et russes.
Ce démon se positionne comme le « daïmon » de Diotime, de Socrate, de Platon et de tous les Elégiaques, 2160 ans plus tôt. Mais, évidemment, il est autre : le motif de son existence n’est pas l’Amour, puisqu’il s’agit de Liberté. Le daïmon antique appelait l’Hermès et son savoir, ce démon exige le double, le miroir, que figure toujours un être double : le possesseur/le possédé, ou le créateur et sa création, dans le Frankenstein, ou les sœurs jumelles, les Gibets, la Mort même, dans le Manuscrit trouvé à Saragosse : soit le Golem juif, soit le doublet psychanalytique, que Gogol, Stevenson, Hesse rationaliseront.
Le daïmon, chez Platon, se perdait dans les flammes de l’astre révélé, hors de la Caverne, qui l’aveuglaient, mais aussi par la haine, la fureur de ses compagnons de captivité. Il se perd, ici, dans un monde lui-même « perdu » : dans les entrailles de la Terre, Melmoth, ou dans les glaces du Grand Nord (selon Mary Shelley). Mais, surtout, l’horreur qu’il suscite le perd, car il demeure le Maudit.
Ce n’est pas que l’Amour puisse grand-chose contre lui : ses sortilèges, déjà, sont bien plus forts que les vaines passions de l’Aimé ou de l’Aimée, qu’il viole ou tue, à la limite. René, Werther, l’Enfant du siècle (Musset) succombent nécessairement dans le combat inégal.
Mais il reste la rigueur des lois, sinon le mépris, le refus universel. En ce premier temps, le démon, le daïmon, doit être détruit, par le suicide, comme Gilbert, Hölderlin, Kleist ou Nerval encore, par la folie ou par toutes les persécutions imaginables. Car, si les créateurs et les prophètes l’ignorent, les Etats et le public le savent : cette voie ne peut mener qu’au désastre et au vide.
Doublet occulte de la voie de lumière, rationaliste, ce démon-là ne peut que perdre. Les Gémeaux ne sont pas le doublet horrible qu’il imagine et crée.
Utilisons pleinement les « termes » recensés.
L’aboutissement de la Taille est toujours le partage, la partition et l’extinction/dissolution, au terme. Toute matière abolie, le relief/vestige en est la forme vide, l’énergie ou l’essence. Cette voie fut celle de la Rigueur, selon la kabbale du Zohar, et c’est-à-dire de la Justice, par le + ou le – : la Monnaie, car les Espèces survivent aux Genres. L’émargement n’avoue pas seulement la Mouture/salaire (qu’elle fut versée), mais aussi qu’elle fut méritée. Ce mérite s’inscrit toujours comme un profit ou une perte, le Paradis ou le Purgatoire.
L’échappement, pourtant, témoigne d’un autre parcours, du Noble et non plus du Jaque. En quittant son beffroi, le Jaque-Marteau, une « masse » restante, a frappé l’heure : le midi, cela renouvelle le cycle, le jour, le mois, l’année. Cette reproduction est une autre Mouture, copie, par un suffrage, soit la messe des morts, l’indulgence médiévales, soit l’élection de la Forme Vide. Si le premier était du Poisson/christ, le second est de la Balance/égalité. Mais les deux Vases font le salut, par l’élection d’un « noble » ou d’un notable : celui qui doit être distingué, considéré (« considérable »), avant de considérer ou de distinguer lui-même : les imageries de la fable, hors du principe. Cette voie, de Gauvain, vers l’ouest, est aussi opposée que possible à celle du Jaque, vers l’est. Si bien que le relief/remblais inverse le relief/vestige, la mouture/reproduction renverse la mouture/salaire — ou le sexe, à nouveau, la monnaie. Une qualité (celle de l’élection) prime la quantité du profit ou de la perte. Ainsi que Kant l’affirme.
Le grand cycle, de 2160 ans, a dit l’avènement, puis le déclin du Graal, de -432/-360 à 1800/2160 (le moyeu de l’Œuf au 7ème siècle). L’un des petits cycles possibles dans le grand, des 2160 mois ou 180 ans, dit l’avènement, puis le déclin de l’Urne aux Voix de 1728 à 1908.
Mais, dans ce moyeu de l’Œuf, le 7ème siècle, le Poisson triomphant a tué le Lion, il a fait du Roi le néant. De la mort du Lion, le Verseau est né, par le Coran.
Dans cet autre moyeu, 1848, la Balance triomphante a tué le Poisson, le Sacré-Cœur. De la mort du Verbe-Roi, la Vierge est née de nouveau (à la Salette, puis à Lourdes, à Fatima).
Le verseau tue la Vierge (l’ouverture fait éclater la fermeture) : de la défaite de la Vierge surgit le Poisson (au 12ème siècle, pour 180 ans). La Vierge tuera le Verseau; de cette mort naîtra le nouveau Lion, le nouveau Roi, dans 180 ans après 1908.
Derrière ces inversions, deux autres mythes s’expriment : les Gémeaux d’une part, le Scorpion de l’autre.
a) Dans le grand cycle de l’Alchimie, le Scorpion (Basis, puis le Verbe) fut l’une des 3 têtes de l’Hermès, l’un des 3 replis de l’Ouroboros, toujours d’eau; les Gémeaux (Deux Témoins, puis branches de la Croix) furent l’un des composants du Bien.
b) Dans le petit cycle, la date 1728 détruit l’alliance qui se fit entre eux, par le passage de la Franc-maçonnerie opérative (du Génie) à celle, spéculative, des Deux Jean. A partir de cette date, le dieu qui fut le Prince des Ténèbres, le Verbe créateur, l’Archétypus des Rose-Croix ne sera plus que le démon de l’Occulte, le Lucifer des Romantiques, le Réprouvé.
Mais c’est la vertu, toute chrétienne encore, de la Fraternité, qu’à même époque, les Francs-Maçons, les Puritains, les juifs, le peuple révolté enfin, impose au monde, dans la trilogie d’Air : les Gémeaux, la Balance, l’Arbre de liberté.
2) D’une certaine manière, le démon ne s’incarnera vraiment que vers 1872 : Rimbaud, Nietzsche, le dernier Michelet, le dernier Hugo, mais aussi Bakounine, Karl Marx, les nihilistes, les premiers symbolistes seront ses révélateurs.
Mais les sectes qui s’y affirment : la Mission de Vivekadanda, les Saints du Dernier Jour (Mormons), la Doctrine Blanche ou les sectes du Renouveau, au Japon, ont été l’œuvre des précurseurs : Smith ou Ramakrishna, le Bâb, Grand’mère Miki, et les adventistes de tout poil, qui ont créé ces sectes, dès 1836. Rimbaud ne serait pas sans Poe et Baudelaire, Nietzsche sans Kierkegaard, Le Capital sans le manifeste du Communisme. Aucun mouvement révolutionnaire n’ignore l’Icarie de Cabet, les hommes-oiseaux de Fourier.
Avec le recul, il semble que tout a pris naissance là : entre 1836 (la Bible des Mormons ou Poe) et 1872, autour d’un autre cœur, le Graal des temps modernes, vers 1848 (le Manifeste) et 1852 (le poème Dieu, de Hugo). Car, de part et d’autre de ces quatre ans, je ne trouve rien que des retours : du jeune Marx au vieux Marx, des Mormons de Smith, assassiné, à ceux de Young, de Ramakrishna à Vivekananda, du Bâb, assassiné, au babisme tout édulcoré (le béhaisme) de Behâ-Ollah.
De cette création, fulgurante avant 1848, à ces applications sectaires, bien affadies après 1852, que dire de plus? On pourra dire qu’elles ouvrent au marxisme, au fouriérisme, à toute l’éducation des Universités rationalistes, aux colonisations qui ont suivi, d’une part, au symbolisme, aux maîtres actuels de la pensée, aux machines célibataires et aux pionniers de la F.V. qui ont suivi, d’une autre part. Mais Smith et Marx, Nerval et Poe ne furent si grands que parce qu’ils contenaient l’une et l’autre voies : la trinité républicaine, la quadrature ésotérique; et, ailleurs qu’en Occident, le Bâb, Ramakrishna, Grand-Mère Miki.
L’esprit se formule là, qui n’est pas celui de l’Ere future mais celui de ces 180 ans, réducteur, mais non moins manifeste, du Dieu Même.
C’est cependant alors seulement (vers 1864) que les romanciers populaires vont s’attacher à le découvrir.
Timidement… Car le rationalisme prévaut. Dès l’école, par l’enseignement (l’imposture) pour tous, les verges, les pensums, les « retenues » on brisera l’être-en-soi, le folklore, le langage paysan, naturel, la métaphore, la fable. Au gavage universitaire succèderont les nouvelles libertés étatiques, du service militaire, du mariage notarié, du travail en usine ou en fonctionnariat — à exercer, les uns, les autres, sous peine de mort (l’asile, la guillotine en toile de fond). Que faire de plus que chercher?
3) On va chercher, d’abord, la dernière cache, le pays perdu, où se sont réfugiés Melmoth ou le monstre de Frankenstein, pour en finir. Il n’y a plus d’Inquisition chrétienne, nous l’avons dit, mais seulement l’asile des fous : combien y tomberont, de Nietzsche à Artaud (quel que soit le créateur : Maupassant ou Feydeau, Nijinski ou Van Gogh)? Mais cela n’est pas l’important, car les créateurs sont de plus en plus rares : bientôt, il n’en restera plus. Il suffira, le plus souvent, de les condamner, en bonne justice, pour immoralisme (Baudelaire, Flaubert, Joyce), pour pédérastie ou sadisme ou pour avoir enfreint les lois, par le vagabondage ou l’objection de conscience. Cela n’est jamais difficile.
Mais l’objet de la cache, apparemment bien défini, et condamné : le démon, n’est pas d’un maniement si simple. Car, découvert, voilà qu’il devient un sujet — de toutes les casses.
Le 3ème temps, ainsi, ne peut se figurer par une courbe simple : il s’inverse, c’est vrai, autour de 1905.
Avant cette date, des centaines d’ouvrages ont dit la quête béate des derniers monstres (il faut que le Démon soit l’un d’eux) : quelque dernier diplodocus ou serpent de mer, quelque malformation enfoncée dans le JE, car Freud et Conan Doyle (par son Holmes) font le même travail : extirper le Mal de tout l’individu, que poursuivent également l’Ecole dans le citoyen, la Colonisation chez le sauvage, et l’Etatisation chez tous, afin que tous soient frères, pareillement éduqués, semblables.
Après 1905, tout change. D’une certaine manière, la quête a réussi : le monde perdu est découvert, à découvert et sans défense. Mais ce monde était plein de dieux : ils sortent de leur ombre et s’avancent, furieux, par les romans anglo-saxons d’abord (mais Rosny ou Renard, Leroux, Leblanc en France). Voilà que ressuscitent la Voix des Abîmes et le dieu-poisson (la Baleine Blanche, le bateau-lit), la Couleur Invisible et le Cristal chantant, la géométrie improbable, la Déesse Blanche et l’autre, noire, toujours lunaire, les Grands Serpents.
Littérairement : les machines célibataires (1905/1920), puis les conquistadores de la Forme Vide (1923/1946). Socialement : la première guerre universelle, puis la seconde, la pollution, les tremblements de terre, les maladies nouvelles : le Cancer, dont c’est l’heure. Et le génocide, de Hitler à Tel-Aviv.
L’hypothèse du Big Bang, au terme.
Le néant, dans tous les cas.
Mais, d’une autre façon, ou dans une autre lecture, cette tentation finale, l’appel du Vide, n’est point particulière à l’étroite période où s’abîment Lawrence, Gilbert-Lecomte, Artaud. Dogmatiquement elle transparait dans les formules et les machines de Mallarmé, de Valéry, de Teilhard de Chardin, sous les mots presque synonymes : Transposition, Forme Pure, Noosphère, présentées toutes les trois comme l’unique salut possible devant les flots affolés de la Presse, de la Pression, de la Précipitation contemporaines. Elle fut l’Attente des symbolistes et des mystiques du siècle dernier, l’Inertie commune à Rousseau et à Beckett; le « désespoir fécond » des romantiques, le sadomasochisme, né de Rousseau et de Sade, mais proclamé par les meilleurs poètes de Shelley à Swinburne, de Blake à Joyce, etc. Ni le choix de Rimbaud (l’Ethiopie) ni celui de Gauguin (l’île perdue) ne peuvent être exclus du délire. A l’opium, pacifique somme toute, de la religion, des drogues plus terrifiantes ont succédé de toute part, dont les « paradis » de Quincey, de Baudelaire, du Grand Jeu, de Michaux ne sont pas le pire.
Les fins et les inscrits — Recensée à la fin de l’avant dernier chapitre, la quadrilogie dédoublée de la Forme Vide (la Croix en ce cercle) en démontrait l’ambiguïté, par l’ambivalence des applications de la Fable, de son motif, et du Principe, depuis les causes. Elle annonçait le problème qui nous bloque, pour finir — au seuil.
Les symétries de l’alchimie, sans doute — et leurs inversions sans cesse imposées — nous proposaient déjà un problème comparable : mais les solutions, contenues dans les données, n’exigeaient pas un autre choix que des données elles-mêmes : leurs changes, du genre et de l’espèce à la figure et au mouvement, puis de la forme et de la matière aux genres sexuels, aux espèces monétaires, tout à la fois nous éclairaient les successions des personnages, des acteurs : de Cléopâtre à Aeineias, ou de Michel Scot à Valentin; et nous définissaient les termes les termes (seuils et signes) de cette alchimie-ci ou de cette alchimie-là.
Il ne gênait pas que, tantôt, l’alchimie fût une espérance ou un regret de l’Or/substance, tantôt elle fût une ancienne projection de la Forme Vide (magique ou religieuse) — ou une projection autre vers la même F.V. (rationnelle ou scientiste). Car les 2n ne sont rien d’autre que ces voyages — et leurs parcours — de la F.V. vers l’Unité, ou à l’inverse.
Au contraire, la dualité de l’Etre, le Graal ou l’Or/substance, ne posait le problème qu’en l’Unité Même : elle ne débordait pas ses cadres, de la Promesse et de la Réponse, même si cette Unité couvrait les quatre siècles dans les actes, de 432 à 864, et les 1260 ans par ses lectures, des Evangiles aux textes relatifs aux Quêtes. L’UN n’était qu’en soi, hors des alchimies, car le UN est TOUT.
Je voudrais que la Forme Vide fût ce tout, cet absolu : le Zéro, ou qu’elle fût, dans la relativité, un simple point de renversement ou d’échappement, éventuellement modifiable, situé ici ou là. Par besoin de symétrie d’abord (entre N et 1), puis par désir de ramener l’Ensemble à un Système, que je pourrais organiser, construire et répéter.
Mais il se trouve que les cardinaux de la F.V. : le Même et l’Autre, le gain et la perte, ne sont pas des composants simples. Le Même est la même chose et la chose même, l’Autre est la chose autre (autrement) dans la chose même, et, bien sûr, l’autre chose, qui n’est pas la chose même. Le gain est un profit ou un salut, la perte une cache (recouverte) ou une casse (à découvert).
En cette quadrilogie, les inscriptions recouvrent l’ensemble de la Machine. Elle n’est pas lue sans être inscrite : le Même et l’Autre ne sont que le Sujet et l’Objet de l’Un; le recouvert et le découvert ne sont que d’autres manières de dire : le dedans et le dehors ainsi que les Fins, qui en découlent : le recouvrement et le découvert comptables. La Fin n’est que le terme (terminal) que « n » lie à la cause et le terme premier d’où s’éploie l’échappement, dans le sens du deuxième « n ».
Située dans l’espace ou daté dans le temps, N, la Forme Vide, n’est pas — en son En-Sof — en son absence — sans être la réalité formelle, le cycle, qui embrasse la machine entière, à l’exception — peut-être — du germe (objet/sujet) qui, un temps bref, a dû se situer hors d’elle.
Mais, en l’hypothèse même, la F.V. pourrait être, tantôt une matrice créatrice : le Réel contenant de l’Un, tantôt le Yin féminin, contenant aussi, contre le Yang masculin, contenu et pénétrant. Une seule équivalence entre les deux visions : matrice ou yin, la F.V. serait la réalité contenante en même temps que l’Eve Eternelle, de Solié, la Madone à quoi tout revient de l’Aurora consurgens. Si le bébé qu’elle expulse, dans la parturition, est parfois mâle, parfois femelle, c’est que la Scheschina comporte en soi la dialectique première, recouvrant Tout. Elle n’est pas la Capable sans être la Capricieuse, la vierge-mère sans être la fée.
Or, il faut le reconnaître : loin d’infirmer l’étrange croyance, l’Histoire — et la Tradition, plus tôt — y apporte ces confirmations : tout naît de la Femme et y revient.
Les femmes — Quand apparaissent-elles dans l’Histoire et la Légende? Quand tout finit, quand tout commence, quand les deux voies, aussi, s’inversent l’une en l’autre.
De cette dernière assertion, il y a peu de preuves, car la fin d’un temps se perd en la nuit des temps.
Mais les tombeaux des Reines, ou de la Reine, centre de la sépulture, date(nt) de la fin de Sumer, vers -3000, deux ou trois siècles après l’Eden de création (Jemdet-Nashr).
Les reines, de Tanit, d’Israël et de Juda, ne triomphent qu’après la fin de Salomon (règne où, déjà, la Reine de Saba montre son influence). Elles se nomment Prêtresse de Tanit, Sémiramis, puis Jézabel et Athalie.
Les impératrices de Byzance, les saintes conductrices des peuples, et les maîtresses des papes ont, de 900 à 1100, jalonné l’Histoire. Mais, au 12ème siècle, la Femme est partout : adulte avant le garçon (12 ans au lieu de 14), abbesse des monastères, créatrice des nouveaux langages (Hildegarde, Mechilde), prophétesse, bien que sainte (Hildegarde, Brigitte, Angèle de Foligno, la Grande Catherine — de Sienne, un peu plus tard), constitutrice des premières facultés (Salerne). Et, rejetée dans les landes, encore, la sorcière, la fée, après 1215.
A quels moments la Femme s’impose-telle? Faiblement, en l’orée ou la fin de l’Etre/dieu : une reine d’Egypte (Hatchepsout) ou Pulchérie à Byzance, les poétesses, Euchérie, Rosita, au 7ème siècle – Judith, la vierge d’Israël, ou Déborah, parmi les Juges, d’autres impératrices à Byzance (Théodora), la papesse Jeanne peut-être, mais douteuses, légendaires, puisque ces temps le furent.
Triomphalement, dès -560 ou +1600, en la révélation de la Forme Vide (la fin des prophètes mâles). Sur les cinq siècles, elles se nommèrent : Diotime, après Sapho, Marthe ou Marie la juive avant la reine d’Egypte, et combien d’Hélène sophistes et gnostiques jusqu’au 2ème siècle?
Comment se sont-elles nommées dans l’ère du Poisson, l’amorce puis l’éclat de sa Forme Vide?
Dès le 17ème siècle, des femmes — innombrables — avaient formulé, du dieu à venir, le nom ténébreux : le Verbe Intérieur. Saintes (les jansénistes de Port-Royal, après les carmélites d’Espagne : la Grande Thérèse) ou diaboliques, les quiétistes : Jeanne Bourignon, Mme Guyon, puis toutes les fondatrices de sectes, en Angleterre ou en Russie, aux U.S.A. surtout.
Au 19ème siècle, c’est vrai, elles ne sont plus que des demi-folles ou des mystiques, des nonnes, qui réduisent la F.V. en ce point de renversement : on criera : « Tout est perdu! » et, aussitôt : « Tout est sauvé! » vers la fin du 20ème siècle : de Sœur Maria Rafols Bruna (née en 1781) à Joséphine Lamarine (morte en 1850), vingt noms, parmi lesquels, au premier rang, ceux de Marie des Brotteaux, de Lyon, et Jeanne Le Royer, sœur de la Nativité…
Mais, dans le même siècle — ou, plutôt, dans les 180 ans qui se prennent des premières œuvres fantastiques (1764) aux dernières F.V. littéraires, vers 1946 — d’autres femmes s’inscrivent, payant de leur personne, tout comme les hommes que, le plus souvent, elles unissent.
Littéraires, les unes : Ann Radcliffe, Mary Shelley, Mme Rolland, Mme de Staël, George Sand, les grandes anglaises, des Brontë à Virginia Wolf, etc.
Politiques, mais surtout déchirantes/déchirées : les Mères des Compagnons, les tricoteuses, les pétroleuses, les guides des Armées rouges ou noires, ou une Louise Michel, une Rosa Luxembourg… Toutes, distinctes mais non moins activantes, percutantes, que les mouvements littéraires, politiques, de l’époque… Soit des initiatrices (Radcliffe précède le Manuscrit de Saragosse et Le Moine, George Sand Verne, Hillel-Erlanger Les nouvelles impressions d’Afrique), soit des provocatrices : du nihilisme, de l’anarchisme, des sectes diaboliques, de Manson et de Jones… Mais toujours comme des ponts, avec une constance rare :
– de Fénelon, le presque excommunié, à Ramsay, le rénovateur des Loges écossaises : Mme Guyon;
– de Mirabeau à Chateaubriand, Mmes de Staël ou Récamier;
– de Sandeau à Chopin et à Chopin, George;
– de Maurice Leblanc, son frère, à Maeterlinck (et à la Golden Dawn) : Georgette;
– de la théorie marxiste à la pratique de la Commune : Louise;
– de Claudel à Rodin : Camille;
– d’Eluard à Dali : Gala;
– de Leiris à Bataille : Laure;
(et toutes celles qu’on oublie, car on ne peut tout citer : la Lou Salomé de Nietzsche et de Freud, la Mélina de Kafka et des camps tortionnaires, etc.).
C’en est assez pour souligner la différence fondamentale entre les Femmes des temps qui précédèrent le Christ et nos contemporaines. Les premières, de Sapho à Diotime, ou de Marthe à Cléopâtre contenaient toute la période initiatique, de Platon aux mythologues du 2ème siècle avant J.-C. : Bolos, Ennius, Carnéade; les cyniques et les hermétistes, le sophiste et le stoïcien, qui lancèrent comme des ponts entre les créatrices du 4ème siècle et celles du 1er siècle. Sous l’obédience de la Vierge-Mère.
Les secondes, au contraire, se présentent comme ces ponts, non seulement d’un prophète à l’autre, mais du 18ème siècle au 20ème, ou des Créateurs de la trilogie d’Air (les philosophes des Lumières, les Francs-maçons) aux Novateurs du Symbolisme et des Machines Célibataires, aux F.V. de la littérature et de la science de notre siècle. Sous l’obédience mythique du Fils de Roi.
Contenantes des systèmes virils, les Grecques, puis les Romaines, puis les Egyptiennes, les Judéo-chrétiennes étaient bien les matrices où l’Œuf se constituait. Contenues en ces systèmes, ou pénétrées par eux, les prophétesses de notre époque imitent le Mâle d’abord (elles se veulent des « égales »), puis l’affinent, le transforment, l’ennoblissent de cent façons, le feront un autre demain. « La femme est l’avenir de l’homme ».
Je ne vais donc plus de la Table au Graal (de la matrice au fruit), mais de l’arme partageuse, les Ciseaux, à un Univers autre, autrement partagé — et sans doute inversé, comme le mythe du Verseau en porte la notion.
A la fois ces femmes-ci et ces femmes-là sont de mêmes choses : des femmes, ou de Terre, comme la Vierge et le Capricorne. Mais elles se contredisent, s’opposent, comme le contenant au contenu, la matrice au pont, la Mère, fondée sur le passé (la Vierge morte), à la Fée, capricieuse et capable, de l’Avenir.
Le multiple et la partie — Exceptionnels, c’est évident, mais trop nombreux, lucides et assurés pour être négligeables, ces prophétesses et ces prophètes de la Forme Vide doivent bien, un jour, être écoutés. Ce jour-là, ceux qui les lisent — de plus en plus nombreux, des historiens, des philosophes, puis les peuples — doivent le reconnaître, avec enthousiasme ou dans l’embarras : tous les prophètes ont dit la même chose. Qu’était-ce?
JE doit décrire le cycle, le circonscrire. Cela ne se peut sans en faire un contenant d’une part, un contenu de l’autre, c’est-à-dire le situer, en dépit de l’approximation inévitable qui situera cette aube tantôt dans le lundi, tantôt dans le mardi, ou cet acte d’un individu quelconque tantôt en son enfance encore, tantôt dans son âge mûr déjà.
JE doit nombrer le cycle, à partir d’un quantum arbitrairement choisi : le jour a 24 heures ou 2 horloges, le mois 30 jours ou 4 phases lunaires, l’année 360 jours ou 4 saisons (ou plus ou moins, selon le degré de liberté qui modifie la durée de l’heure dans la saison, ou de la phase lunaire dans l’année, ou du mois sans le « saros » de 18 années solaires, 19 années lunaires, en 6940 jours).
Pourquoi le doit-il? Pour s’inscrire lui-même — ou pour inscrire l’acte ou le phénomène — dans un cycle nettement défini. Car l’objet n’est pas le même à l’aube, au crépuscule, au printemps, en automne, dans la phase croissante ou décroissante du cycle d’activité solaire; et il n’est pas le même en sa formulation, en son déclin. Etc. Il n’est pas un moyen qui, nocif en ce cas, ne soit bénéfique en cet autre; il n’est pas une moyenne qui, exacte en ce point-ci, ne soit fausse en celui-là. Le gain, la perte de l’objet — mais également le salut ou la perte du sujet — sont liés aux décomptes et aux descriptions du cycle observé ou reconstitué.
Or, étudier un cycle, ce n’est jamais que dire, par synthèse, analyse ou hypothèse, en quoi il est le même (qu’un autre cycle) ou en quoi il se fait, soi-même, différent.
L’étude exige donc la multiplication du cycle, son redoublement au plus court; et son partage, en deux parties au moins. Mais ni l’un ni l’autre ne sont réellement possibles. Comment comparer lundi à mardi, quand le départ du jour est arbitraire? Comment opposer le matin à l’après-midi, la nouvelle lune au premier quartier, quand le partage jour/nuit n’est pas le même en décembre et en juin, quand le premier quartier couvre tantôt six jours et demi, tantôt près de neuf?
Le partage ne joue pas au 1/2, mais ce peut être de 5/7 à 7/7 en (e-1) ou 12/7, ou à l’inverse, autour des 2/7 de l’Unité ou 2/12 du cycle.
Le doublement ne joue pas des 2, mais ce peut être des 12/7 ou 1,718, aux 2/7 près aussi : 14/7 – 12/7.
Les 2/7 eux-mêmes ne sont ici et là qu’une approximation, que modifient sans fin d’autres degrés de liberté. L’annexe précisera ces nombres.
Il reste que les deux nombres, 4 Pi pour l’Unité (12,6) et 4 Pi (e-1) ou 21,6 pour la F.V. ont suffi à Platon et d’innombrables prophètes pour nombrer et décrire les cycles de l’Histoire, pour y inscrire le sujet, soit l’homme, soit Dieu, et les évènements, les actes, décisifs ou inévitables.
Il suit que, portés à 1260 et 2160 pour en simplifier le calcul, ces nombres ne sont pas propres à l’ère précessionnelle, mais qu’ils se retrouvent en tout calendrier.
Ils conservent la même rigueur, et permettent les mêmes approximations et degrés de liberté, qu’ils nombrent des années, des mois, des jours, des heures doubles ou des « parties » du calendrier hébraïque.
2160 ans mesurent l’ère, elle-même au 1/2 de son double : l’Age d’Or des Grecs, le Krita des hindouistes : 4320 ans.
2160 mois sont 180 ans, au 1/2 des 360 ans de Sumer et de l’Abraxas alexandrin.
2160 jours font les 6 ans, au 1/2 du cycle d’activité solaire, du cycle jupitérien, des 12 années chinoises, etc.
2160 heures doubles constituent 2 saisons, au 1/2 de l’année.
2160 « parties » délimitent l’heure, au 1/2 de l’heure double.
12 heures font l’horloge, et 12 heures doubles le jour : 25920 « parties ».
12 fois 2 saisons font 6 ans, et 12 années le cycle d’activité solaire.
12 fois 6 ans donnent les 72 ans du degré précessionnel, au 1/360 de 25920 ans.
12 fois 180 ans font l’ère de 2160 ans, et 12 abraxas son double.
12 ères font les 25920 ans de la Grande Année.
Si bien que tous ces cycles, peut-être « inventés », se présentent comme concentriques les uns aux autres, du 1/12 à l’Unité, ou de celle-ci aux 12.
Les nombres, irrationnels, Pi, e et (e-1), et les fractions équivalentes : 22/7, 19/7, 12/7 affinent ces calculs, ils ne les infirment pas. Les affinant, ils ont permis de s’enfoncer dans les cycles bien en-deçà de l’heure ou de la « partie » hébraïque. Jusqu’en des cycles (des longueurs d’onde ou des fréquences) que même les atomistes anciens, phéniciens, grecs, n’avaient sans doute jamais imaginés, que, dès le 18ème siècle, Leibnitz, Euler et Boscovitch, ont commencé de nombrer.
Ce progrès ne doit être tenu pour négligeable, quand il permet l’étude des cycles indiscernables — ou de la matière invisible, dans le vide infini de l’espace cosmique ou dans celui du subatomique.
Mais il peut être dangereux, par la complexification qu’il impose aux sciences contemporaines, et par la prétention — sinon par l’imposture — qu’il leur permet.
A quoi bon s’en scandaliser? Cette complexité croissante, cette assurance et la négation même des approximations n’ont conduit que plus sûrement à l’approche, puis à la saisie de la F.V. Pas plus que la folie des derniers prophètes et l’ouverture au fantastique des écrivains, elles n’échappent aux cycles qui font leur puissance et feront leur déclin.
Reste l’autre question, qui ne doit plus rien aux nombres, apparemment, et qui, pourtant, ne se peut résoudre — ou éclairer — sans l’aide du demi et du double, si approximatifs qu’ils soient.
S’il n’est que les 12 Signes (mythes ou dieux, cycles ou quanta) et s’ils se retrouvent partout les mêmes, pourquoi modifier leur nomination, inventer sans fin de nouveaux systèmes, entretenir la méfiance, sinon la haine, entre un systématique et l’autre?
Mais, si les 12 se présentent en effet comme divers, sinon contraires : yin ou yang, contenant ou contenu, vif ou mort, n’est-ce pas à dire que leurs changes incessants témoignent de leur inexistence? Comment, sur leurs équivalences, le prophète peut-il prophétiser, ou le savant prétendre savoir? Comment le créateur ose-t-il créer, à partir des sons ou des notes, des caractères ou des tempéraments, des distinctions sociales ou des tribus? Comment, par quelle magie ou quels principes, refaire le chemin, quand les étapes antiques — dans les siècles qui ont précédé le Christ — disaient l’attente d’un Poisson Sauveur (par les 3 d’Eau) et les étapes contemporaines disent celles d’un Esprit Libérateur (par les 3 d’Air)?
Les personnages — ou les structures factrices — n’en peuvent être qu’autrement.
L’amour et la liberté — Les œuvres fantastiques de notre époque ont pris la place des œuvres élégiaques de la période -360/-180. Rousseau se nommait alors Empédocle, Kant se nommait Platon ou Hegel Aristote, les romantiques étaient les stoïciens, quand nos économistes se nommaient des sophistes; les symbolistes et les surréalistes eurent pour correspondances les Ménandre et les Bion. La Kosmopoiia puis les Oracles chaldéiques, les œuvres sibyllines, puis les apocalypses (d’Enoch, d’Elie) y furent des machines célibataires, déjà (au point que Jarry semble avoir copié le manuscrit de Leyde). L’anéantissement que recherchait Carnéade (malpropreté, pédérastie, fureur de se perdre) ou le suicide de maint platonicien ouvraient sur la même forme vide que les choix de Lawrence, de Gilbert-Lecomte, d’Artaud.
Ils étaient, eux aussi, passés par la volonté de découvrir la Cache, par les voyages maritimes entre autres, puis par la terreur de la Casse, qui libérerait les dieux morts.
Mais ils ne tendaient qu’à l’Amour, les stoïciens et les cyniques, quand nos romantiques, nos symbolistes, nos surréalistes ne tendent qu’à la Liberté.
Leur démon n’était pas le nôtre : Lucifer, Satan, le Golem; il était le daïmon de Diotime et de Socrate, celui de Platon ou de Carnéade, hermétique, gémellique, démiurge à la limite (puisque l’Amour, aussi, procrée).
Les 7 rires de la Kosmopoiia commencent à Phos, l’Archer; suivent, dans l’ordre, Eskakléo le Ténébreux, le Nous/Balance, la Vierge, le Souverain — et de nouveau, le Souverain, puis la Vierge, inversés — dans l’attente des 4 Miroirs et des 3 Serpents. Les 7 rires de notre époque commencent au Verbe scorpionnaire (l’Inconscient), le Prince des Ténèbres, pour atteindre au nouveau Savoir, nouveau Serpent, puis du Serpent au Roi, dans le sens inverse, comme on le voit par les Cyclistes du Surmâle : les 4 et les 3 au-delà.
Il s’en déduit que les inventaires, les « tables des matières » des Elégiaques se décalaient d’un signe, dans leur similitude avec les antérieurs (de 2000 ans) : les villes que traversaient, à l’aller puis au retour les mythologues de Mésopotamie (Tabi-Enlil-Outoul) ou d’Egypte (les deux chemins). Et que nos découvreurs/révélateurs, du Fantastique, se décalent d’une ère aussi, dans leur similitude avec les Elégiaques.
Car les 3 du Sauveur étaient les 3 du Trismégiste (les 3 cercles de l’Ouroboros) : le Soter, le Sator et Saturne, et ses 4 étaient Eros, la Vierge, les Gémeaux, l’Ichtus soi-même, d’abord sauveur. Mais les 3 du Libérateur sont d’Air : la Balance, les Gémeaux, le Verseau ou le Renverseur, et ses 4 seront d’harmonie : l’Inconscient, la Hiérarchie, le Créateur et le Verseau soi-même, d’abord l’Esprit Libre.
Les 12 des Elégiaques n’étaient pas ce que seront les 12 de nos Quêteurs (fantastiques). Mais les nouveaux ne passent pas les mêmes phases que les anciens : d’abord, les triangles trinitaires, les cercles tangents (et, d’abord, séparés : les atomes), puis les cercles sécants, informulables hors de la partition, de la Coupe. Depuis le Cercle/substance ou jusqu’à lui.
Ils jouent des mêmes nombres (inverses, fractionnels, irrationnels) et des mêmes vocables : les 4 Instruments ou Eléments, Jeux, Sciences, les 3 Personnes ou Arts, Vertus ou Jugements. Plus simplement : les 4 Cardinaux d’une part, la Trinité de l’autre : le Signe, l’Appareil et le Seuil, dont l’Informatique fait le code, le canal et le message.
Mais les 4 et les 3 ne se multiplient pas sans se re-convertir; ils ne se partagent pas, ne se divisent pas les uns par les autres sans se ré-cupérer. Si bien que tout Ensemble n’est que l’un des 12, à ce moment plutôt prépondérant (un peu plus tôt). Et que chacun des 12, quelque part, reconstitue une totalité systématique, différente des autres, néanmoins pareille ou équivalente, comme le négatif reflète le positif, en néant-moins. Cela est ainsi. Pourquoi?
Nul ne le sait, sinon par image ou symbole. Le mythologue admet de ne pas comprendre, et le scientifique aussi, lorsqu’il constate les 11 (+1) transformations de la particule — ABBA, ABAB, AABB, dans le premier des 3 fuseaux de la machine de Watson (la double hélice), qui fondent aujourd’hui la macrobiologie; les 4 facteurs de la particule ou les 4 Cordes de la nouvelle physique; les 4 saveurs ou les 3 couleurs du quark, etc.
Il leur faut, soit nier les 12, soit reconduire toutes les croyances à Jéhovah ou à Jésus, ou bien à cette vérité-là : informatique, macrobiologique, astrophysique, toujours « universelle ».
Mais, quelle que soit leur prétention, un jour les 3 la dissipent, car ils n’ont que ces trois dimensions, ne peuvent tendre qu’à l’une des 3 vertus, juger et décider que par l’un des 3 jugements.
Ou bien, les 4 la bornent, car ils ne traitent jamais que du mâle et de la femelle, d’un coït ou d’un accouchement — ou de l’effigie et de l’alliage, d’un gain ou d’une perte, s’ils préfèrent les Espèces aux Genres. Le trou noir et le Big-Bang ne disent pas autre chose que le 1 et le N.
Reconversion et récupération — En l’Unité, les actes sont d’entrée ou de sortie, et leurs lectures ne disent que la pénétration ou la parturition, de ou par la matrice-vagin.
Les inscriptions des fins, et les fins elles-mêmes, en N, procèdent de ces deux tournoiements, qui ouvrent ou ferment en l’Unité : vers l’Est (la gauche de l’objet, la droite du sujet) : le sens direct des aiguilles — ou bien vers l’Ouest (la droite de l’objet, la gauche du sujet) : le sens précessionnel des Signes, dans le manège zodiacal.
Il faut donc que les deux tournoiements résolvent tous les problèmes que posent les 4 hypothèses : l’objet vide ou le sujet plein, l’objet encore dedans, le sujet hors — en même temps que tous les tropes (excès ou manques) qu’imposent à JE les approximations et les degrés de liberté.
L’amateur de nombres trouvera en annexe le détail des deux opérations.
Elles peuvent se résumer ou se conclure ainsi.
A) Le cycle précessionnel se fonde sur les 7 (3+4) ou sur le ET de l’informatique (+). Il offre les mêmes rythmes contenus que tous les autres cycles, dans l’Ensemble contenant : (e-1) ou 2160. Comme du Temps vers l’étendue et de la durée vers l’Espace :
ainsi que toutes les machines du 13ème siècle, du 16ème (Paracelse, Valentin, Saint-Jean de la Croix, la Grande Thérèse) et du 20ème (les « célibataires ») nous l’ont montré.
C’est, numériquement, dans le double rythme : (e-2) +1, ou 1+ (e-2) = (e-1). Ou : 900 + 1260 = 1260 + 900 = 2160.
Mais le cycle se distingue de tous les autres, contenus dans l’Ensemble des 12 par le décalage précessionnel, qui remplace le Bélier par le Poisson, ou le Poisson par le Verseau, d’un cycle à l’autre. Si bien que l’objet même revient en une autre station (et dans un autre état) : seul, l’objet autre revient en la même station et dans le même état.
Le conquérant revient plus tôt dans le Poisson (Napoléon) que dans le Bélier (Alexandre) : 2138 ans les séparent. Au contraire, 2160 ans séparent exactement Kant de Platon, ou l’éveil de la Trinité d’Air, républicaine, de l’éveil de la Trinité d’Eau, hermétique.
B) Le cycle direct se fonde seulement sur les 12 (3 X 4) ou sur le OU informatique (X). Il n’offre pas les mêmes rythmes que les autres cycles, soumis à d’autres principes ou lié, seulement, à une autre origine. Ce peut être, dans l’année, le cycle systématique qui commence à Noël (le Capricorne) ou à l’équinoxe de printemps (le Bélier), sinon à la Saint-Jean d’été (le Cancer), comme dans l’ancienne Egypte, ou bien à l’équinoxe d’automne (la Balance), comme chez l’Islamique.
Ici, le signe, douzième du Système, n’est jamais que ce qu’il est : le quantum retenu; mais il fait l’ouverture, la fermeture du cycle. Il ne peut jouer que du 12, ou d’une puissance de 12, 144, 1728, 20736…, en sorte que le cycle direct ne remplit pas tout à fait le cycle précédent.
En 2160, je trouve 1728 + 432 (pour 12 signes + 3),
puis 1296 + 864 (9 signes + 6),
puis 864 + 1296 (6 signes + 9),
puis 432 + 1728 (3 signes + 12), dans l’inversion du premier cycle, selon que je commence l’année à la Noël et le jour à minuit, ou au printemps et à l’aurore, ou au solstice d’été et à midi, ou à l’automne et à l’après-diner, comme le Coran.
Que le système soit exact ou faux, ce ne peut être que passagèrement. Faux, il était exact plus tôt. Exact, il sera faux néanmoins, en quelque inversion assurée. Car, il y a cinq millions d’années, quand le démon était le Dragon et le crâne de l’homme tout autre, l’enfant naissait déjà de la femme, la pierre se faisait un couteau, des pierres constituaient des arches et l’Arc rayonnait dans le ciel, des tables étaient dressées, l’eau, le jus, le sang bus.
Qu’ils sont peu de chose, auprès de ces maintenances, les changes des fils de Jacob en apôtres du Christ, des tribus en chevaliers, de l’Arche au Graal, de la forge à l’alchimie! N’est-ce pas toujours la même chose dans l’Autre, bien que toujours autrement dans la chose même? Les nombres, les lettres et les figures ne disent rien que ce jeu, l’affabulant ou le vérifiant, le temps venu.
Les 3 morts — Aucune dialectique ne décrit la Forme Vide, parce qu’elle n’est rien, mais parce qu’aussi, elle est le tout de rien : non seulement la Mort, mais toutes les morts.
Ses Grandes Machines en dénombrent deux : du 3 au 4, du 4 au 3, comme on le voit par les deux chambres des morts chez les Hittites ou celles du Roi et de la Reine chez les Anciens Egyptiens, mais aussi par l’énigme du Sphinx — ou, 2000 ans plus tard, l’Apocalypse de Jean. Mais les mystiques du 16ème siècle (Saint Jean de la Croix) ou, 2000 ans plus tôt, les machines des 7 Sages, la Tetraktys et les Yugas védiques, dénombraient Trois morts. Par exemple, Jean de la Croix : une au crépuscule (la fin des couleurs ou de la voie noble), une à l’heure du loup, très peu avant l’aube (la fin de la Foi) et la 3ème, la grande, au plein midi. Dans les Yugas, il s’agirait de la mort du 4 qui devient 3, puis du 3 qui se dialectise, et de l’éparpillement — de la « science du monde », de « l’âge de mort » enfin (à l’inverse dans la Tetraktys).
Si je joue des ensembles dans un Système, chaque ensemble se fonde sur une dialectique (l’équivalence et l’ordre), ou sur les « cardinaux », les 4 opérations arithmétiques, etc. dans et par la Croix.
Mais, entre les ensembles, dans le Système lui-même, les relations sont 3 : les
3 logiques : le dedans, le dehors, l’intersection, ou les projections sont 3 aussi : l’injection, la surjection, la bijection, en mathématiques des Ensembles.
Mais, quand JE joue de plusieurs systèmes dans l’Ensemble, comme Boèce ou Erigène, les 3 Spécialités (Personnes) ne s’ordonnent que dans les 4 Généralités (Eléments), ou, à l’inverse, les 3 Généralités (les Arts) produisent, déterminent les 4 Spécialités (les Sciences). Ici et là, ce sont les 4 qui constituent la croix des cardinaux, et l’Ensemble unitaire par eux.
Selon Œdipe, répondant au Sphinx, l’Unité se fonde sur les 4, qui retombent à 2 au milieu du jour et remontent à 3, vers la fin.
Qu’est-ce que cela veut dire?
Le Zodiaque répond.
Quand JE nomme un mythe élémental, de Terre ou de Feu, d’Air ou d’Eau, JE entend dire qu’il est cet Elément dans la crucialité de l’Etre : Iahvé de Feu, le dieu des Combats et des Nombres, dans les 4 de Vérité : la Roche/fondation, le Serpent ou le Sepher, le Souffle ou la Balance et le Bélier en soi. Ou le Poisson d’Eau, le dieu du rythme, de la musique et de l’amour, dans les 4 du Bien : l’Arkhon Eros, les Frères, la Vierge ou la Préservation — et le Christ lui-même. Ou le Verseau d’Air, parmi les 4 de l’Harmonie : la Hiérarchie, la Création, toujours taurique, le Verbe et l’Esprit de liberté lui-même.
Mais, quand le mystique dit que le dieu est une Personne (un Art, une Vertu, un Jugement), il entend dire qu’il est cette Personne, quadrilogique toujours, ou cet Ensemble crucial dans le Triangle systématique, théologique ou autre. L’Ichtus est, en soi-même, cette gémellité, cette volonté, cette préservation du Bien : le Sauveur, dans les 3 Têtes du Trismégiste.
Ou l’Esprit de Liberté sera, en soi-même, le souverain, le créateur et le Verbe intérieur (dans l’Inconscient) parmi la trinité républicaine, dont les 2 autres seront du Vrai (l’Egalité) et du Bien (la Fraternité).
L’Objet/être, en tant qu’Un, est ce 3 et ce 4 : au 14ème siècle avant notre ère, au 7ème siècle chrétien. Mais l’inconcevable accord, seulement descriptible, ne dure pas longtemps : la face enterrée manque au bloc, ou le joint y adjoint quelque artifice, par les délits. Très vite, le mythe-dieu ne peut plus être saisi que comme maître des 3, hors des 4 : l’IHV comme dieu des Armées, de Feu, ou l’IHC comme englobant les 3 personnes, dans la scolastique médiévale — par les uns; et, par les autres, comme maître des 4, le Véritable, l’Unique IAV, ou l’Amant — souverain, puis suprême, mais du Feu le premier, hors de l’Eau le second (au point que le recours à l’Elément devient hérétique, blasphématoire, et schismatique, lorsqu’il triomphe).
Telle est la seconde mort, de la Foi parfaite, à l’aube. Elle s’est située dès le temps de David et de Salomon pour IAV (le schisme entre Juda et Israël), dès le schisme entre Rome et Byzance, 2160 ans plus tard. Différemment, ce n’est que le début du déclin, par le pas que le principe prend soudain sur la fable.
La 3ème mort, la Grande, ne se prend que beaucoup plus tard. Il n’est pas faux de la dire d’un cycle tout autre, comme la mort/terme de la vie d’un homme l’est de la fin de la fin de l’enfance, que l’adulte a brisée. Ou comme le cycle du mois lunaire, ses phases et ses degrés, n’ont rien à voir avec les phases et les degrés du cycle du jour, sur 24 heures.
Quant à la 1ère mort, au crépuscule, elle se situe en Pi/4, au terme de la série récurrente, ou au-delà du rouge dans la gamme des couleurs. C’est l’heure où Gauvain perd pied, où le système (de Boèce) s’effondre au profit de l’Ensemble d’Etienne, où l’enfant prétend à comprendre, où il entre dans l’adolescence, etc.
Or, nous le savons : la 1ère mort est une naissance, et d’abord celle de l’Etre en soi, la plénitude de la Substance. La 2ème mort est une naissance aussi : de Galaad, du Principe, de la Raison, et, finalement, de cela que JE nomme sa vie, car c’est en ce point seulement qu’il commence d’agir, d’être vraiment « sujet ». Comment donc ne pas croire que la 3ème mort, de même, se présente comme une naissance, un échappement d’un autre ordre?
Mais chacune des naissances s’offre au quêteur comme un élargissement, une ouverture : JE sort de la matrice, puis de l’enfance, puis de l’adolescence, ce n’est jamais sans acquérir de nouveaux pouvoirs, mais aussi se fondre en un nouvel Ensemble — ou un nouveau Système, plus vaste que le précédent : de la matrice à la famille, de la famille à l’ensemble des vivants — et sans sortir de soi.
Est-ce pourquoi le dernier échappement, de la Grande Mort, se présente toujours comme une ultime sortie de soi : par le change absolu (la métempsychose), la race, pour Abraham, une nourriture pour le Christ, une libération de tous par le sacrifice, l’œuvre, le renoncement encore inconcevable qui feront la Liberté future?
Ici seulement les 3 peuvent remonter aux 4, et la Croix au Triangle, dans la soumission d’un Je vidé aux Douze, qui seuls font la rigueur et la diversité — à l’infini — des heures dans la pendule, des mois dans l’année, ou des années, des heures, des ères, en d’autres cycles. Totalement hors de JE.
Le jeu gestuel — En un moment, une phase du Temps et de l’Espace, à mi-chemin de l’Ouest et de l’Est, à l’équinoxe du printemps ou de l’automne, le choix devient si hasardeux ou le principe est encore si peu certain que les jeux seuls en rendent compte : des pièces au 7ème siècle avant J.-C. (les jeux de dames ou d’échecs), des cartes au 14ème siècle (d’abord tarots), ou des jeux olympiques, là, des jeux rabelaisiens ici, d’où découleront le football, le rugby, etc.
Mais un jeu recouvre, en quelque sorte, tous ces jeux : sur les deux ères — 4000 ans — au moins : le jeu gestuel. Les Egyptiens le connaissaient, comme les Italiens aujourd’hui. Il se fonde sur les Ciseaux, le Puits et la Feuille, la Pierre. « La Loi », dit Roger Vaillant de ce jeu.
Le puits est la main entrouverte,
la pierre est le poing fermé,
la feuille est la main étendue, doigts joints,
les ciseaux sont la main étendue, deux doigts séparés.
L’adversaire doit non seulement deviner la figure proposée mais y répondre, dans la seconde, au 1/4 ou au 1/2 de seconde. Il doit répondre au puits par la feuille (qui recouvre le puits, la F.V.), mais aux ciseaux par la pierre, qui les brise. A la feuille par les ciseaux, qui la partagent; à la pierre par le puits, qui l’ensevelit, la dévorant.
Ce jeu est preuve que les Moyens, les Instruments ou les moyennes sont éternels, homonymes d’une ère à l’autre; les instances et les distances d’un cycle à l’autre. Ce sont toujours les mêmes jeux gestuels, comme les mêmes instruments (moyens/moyennes) : l’arme (les ciseaux ici), la table, compacte comme la pierre, la F.V., le vide du puits, et l’Unité (les doigts joints et la feuille). Quelque chose survit aux inventions des jeux divers, par les osselets, les pièces, les cartes, sur 6000 ans ou plus : le jeu gestuel : du puits, de la pierre, de la feuille et des ciseaux (de l’Eau, de la Terre, de l’Air et du Feu autrement, ou du Risque, du Vertige, du Mimecry, du Combat, etc.).
Mais, bien sûr, mille personnages divers joueront de ces instruments ou de ces positionnements du jeu gestuel. Ils ne seront pourtant que ces 3 : celui qui joue pour soi, celui qui joue pour l’autre, dans la sympathie ou la compassion, dans l’amour, celui qui joue pour jouer ou pour améliorer son jeu.
Les 4 se font 3, pour le joueur. Exactement comme les quadratures, ou les Croix, de l’Un, ou de la F.V., ou des 2n, se font les triangles ou les ellipses (qui dédoublent les triangles), etc.
C’est ce que disent le rôle et l’emploi des femmes, sur 2160 ans; ou le rôle puis l’emploi de l’Hermès, puis des Gémeaux, ou le rôle de l’Arkhon, puis du Verbe.
Quelle que soit la dialectique choisie pour décrire la Forme Vide : la récupération/reconversion, le système/l’ensemble, le mâle/la femelle — ce pourrait être cent autres — il apparait que la F.V. ne se peut décrire. Elle n’est que ces pendants (du manège) ou cette pendule contre le Cependant de l’Unité. Ou ce pendule, ce balancement, vers l’ouest ou l’est, qui, ailleurs, quelque part ou dans un autre temps, fait l’ouverture, la fermeture, le passage, l’impasse (dehors/dedans), le sujet ou l’objet…
Elle n’est rien qu’un mouvement, précessionnel ou bien direct, mais ce mouvement est de la forme, non de la matière. Il est vain de chercher un rapport constant entre l’énergie et la masse, car c’est la Forme Vide qui se meut, et mue en se mouvant. Exactement comme l’Autre se retrouve la même chose, dans la réflexion, ou comme la chose même se fait autrement, dans la réfraction.
Si tout le problème est celui-là : la maintenance et la plénitude de Ce qui est, l’Etre ne dure pas sans se faire différent (autrement), il ne se change pas sans redevenir le même (la même chose). Ou, du moins, c’est ainsi que JE lit les processus, comme il voit le bâton se briser quand il le plonge d’un élément dans l’autre (demeurant le bâton même) et le nuage ou l’arbre se répéter dans le fleuve, la ville dans le mirage, ou soi-même dans le miroir — une même chose dans l’autre.
Mais la réflexion (que provoque la réflexion) et le sentiment de casse que provoque la réfraction ne sont que des illusions, nées des lectures.
Le problème n’en est pas résolu : dans la réalité, dans l’Ensemble où nous sommes, comment le mythe A devient-il le mythe B, afin de maintenir et de compléter l’Ensemble?
Toutes les Grandes Images, dont le Graal, et tous les Systèmes de symbole physique, dont l’alchimie, nous le disent. A doit mourir afin de se faire B. Il doit renaître en B le même, afin que le jeu se poursuive, amélioré.
Pour que le Lion devienne le Verseau, ou bien le Roi le Fils de Roi, il faut :
a) que le Lion détruise une autre structure, ce fut le Capricorne ou la Terre Première — qui était la fée — quand le Lion triompha de la Vierge, au lendemain de la dernière glaciation;
b) qu’il soit tué par une troisième structure. Ce fut par la Poisson-Christ, au 7ème siècle, alors que le Roi Lion dut le céder à l’Hermès, au Savoir cancérique.
c) Tueur des structures de Terre (le Capricorne, la Vierge), il y perdit le Taureau/Auroch, sans lequel le Solaire n’est plus dans l’Harmonie.
Né de l’Arbre/verseau, il dégénère sans l’Arbre, jusqu’à ce que le Poisson le détruise — et que le Fils de roi renaisse de lui.
Mais l’Esprit du Verseau est aussi :
a) ce tueur du Savoir, du Serpent millénaire, quand il succède au Christ-Ichtus, comme le Paraclet à Jésus.
b) Cette victime attestée de la Vierge, qui jadis l’enferma dans l’Arbre — et le tuera de nouveau dans treize mille années.
c) Tueur des structures d’Eau (le Cancer, le Poisson), il s’éloignera du Verbe, du Pistis, qui le maintient aujourd’hui en harmonie. Né de la mort du dieu solaire, sa mort, dans treize mille ans, ressuscitera le Souverain.
En une douzaine d’ouvrages, et trente ans d’existence, l’auteur l’a démontré pour toutes les structures mythiques, tous les dieux. Car chacun des 12 est cette victime, ce tueur, et ce fils (ou cette fille) en même temps que le père (ou la mère) de son inverse mâle, s’il est un mâle, ou femelle, s’il est une femelle : l’Air contre le Feu, la Terre contre l’Eau.
Au contraire, le meurtre et le supplice opposent le yin au yang, le yang au yin, comme le Feu et l’Air à la Terre et l’Eau, les époux désunis.
Car ce yin est à la fois la matrice et le vagin; ce yang est le sexe mâle et le bébé, à la fois : le phallus et le fruit.
Si bien que JE ne peut approcher l’Etre que par les 12, reconnaître les 12 que par les 3 (fonctions) et les 4 (éléments) : vertus, jugements ou arts les 3 : des personnes ou des personnages; jeux, modes/relations ou sciences les 4 : les cardinaux.
S’en déduisent toutes les figures qui désunissent ou séparent : les triangles, les cônes, la croix (interne), ou la ligne droite, pour faire court. Mais aussi les figures qui assemblent et confondent : le cercle, la spirale, l’analemme, l’écliptique (externe), la ligne courbe au plus court.
Et s’en déduisent les nombres, naturels (entiers, fractionnels) dont se constituent toutes les séries divergentes; ou irrationnels, imaginaires, complexes, « spirituels » bientôt, dont se constituent toutes les séries convergentes, dont ces nombres sont toujours la « sommation ».
Et s’en déduisent, si banalement que JE n’y prend plus garde, tous les vocables — divers, qui portent un seul sens (dans la synonymie), ou uniques, portant les sens les plus divers (dans l’homonymat).
Ces aspects de l’objet sont 3, comme les fonctions : la figure, le nombre et le vocable, mais ce n’est pas du tout la même trinité. Chacun des 3 peut être tueur, victime, en filiation, sans modifier le jeu global. Car ils ne sont tous, tous trois, que des instruments de lecture — en même temps que pris pour l’objet lui-même.
Mais ce je nomme Eléments, Jeux, Sciences, etc., ne se définit jamais que comme une figure, un nombre ou un vocable.
Une tout autre Trinité se compose de ces Lieux : l’Ouest, le vertical au centre, l’Est, que je nombre par l’Un, les 2n, et le 0 ou l’infini (le N), et que je peux nommer le Signe (ou le code, la grammaire, le jugement catégorique), l’Appareil (ou le canal, la dialectique, le jugement hypothétique), le Seuil (ou le message, la rhétorique, le jugement disjonctif). Mais les Personnes aussi, et même les Vertus, recouvrent cette répartition. En sorte qu’il n’est pas d’autre répartition des 3 — encore! — que ces Trois-là :
– les fonctions (meurtre, supplice, filiations),
– les aspects (la figure, le nombre, le vocable),
– les lieux ou les personnes, étroitement confondus.
3 X 3 = 9.
En soi, les Trois ne permettent jamais d’atteindre aux Quatre, ni les trois dimensions de JE aux quatre dimensions qui le contiennent : la 4ème d’Einstein, le Temps, n’est pas trinitaire moins que l’Espace humain, par le Passé, l’Avenir, le Présent, ou par le devenir, le devenu, l’instant.
Une croyance illimitée, la Foi, seule permet d’accéder aux 4 : car ils n’existent qu’en un Ensemble donné comme le UN/TOUT. Qu’il s’agisse d’une croyance en les Eléments, les Jeux, les Cardinaux ou les Cordes de notre nouvelle physique. C’en est revenir à la matrice et au fœtus, au mâle et au continu, qui, autant que JE en est capable, lui permettent d’imager et de symboliser Dieu.
Les panthéons — Sur ces exemples, ces concordances — qu’il n’avouait pas d’une manière « trop » explicite (le temps n’en était pas venu) — Malraux osait annoncer que le 21ème siècle serait de nouveau « spiritualiste » ou ne serait pas. L’homme et les dieux, Le dieu du 3ème millénaire, l’Histoire des mythes (1963/1972) proclament que le 21ème siècle sera panthéiste, polythéiste, ou ne sera pas. Nostradamus et Paracelse, Rabelais aussi, plus timidement (par l’invention de la Quinte-essence), l’avaient dit dès le 16ème siècle. Mais qui se préoccupe des 3, des 4, des 5 de la Prognostication, ou des « temples façon romaine » des Centuries, ou de l’évocation, par Montaigne, d’un Lucrèce futur, à la veille des Panthéons romains?
Il faut bien passer par les 12, considérés non plus comme des constellations, des idées, des catégories, ou comme le Topiques de Boèce, mais comme des entités réelles, des dieux. Car ils ne sont pas des images, des connaissances, des hiérarchies créées par Je, ou ils ne le sont qu’autant que les dieux exigent de JE cette connaissance, cette créativité — cette soumission d’abord. JE n’instaure pas le Modèle sans être semblable à Dieu; il ne crée pas sans être créé; toute justice est vaine sans l’Alliance, qui juge l’homme; tout amour est souffrance, toute nourriture obscène, stérilisante, si l’homme n’est pas nourri.
Les dieux existent, avant tout.
Par ces dieux, de nouvelles Marthe, Marie la juive ou Cléopâtre formuleront une quête nouvelle, qui ne sera plus celle de l’Or. Un nouveau Jésus dira la Promesse, qui ne sera pas celle d’un nouveau Graal.
De quoi s’agira-t-il?
D’une attente de la Cohérence, dite Vérité, non pas d’un Royaume, d’un Roi. Car JE ne veux plus que savoir. Mais la fin du Serpent est au bout de la quête, comme celle du Roi le fut au terme de l’alchimie, ou celle de la Vierge au terme des quêtes tribales.
Au 15ème siècle avant J.-C., l’Objet divin n’était pas la Terre Promise, mais c’était l’Arche. Au 7ème siècle de notre ère, l’Objet n’était pas l’Or, mais c’était le Graal. L’Objet qui surgira au 28ème siècle ne sera pas le Savoir, l’Algorithme Universel, mais ce sera le don du Dieu à venir, encore inconcevable.
Pourtant, le Sagittaire, de Feu, portait déjà la Trinité du Tabernacle, avant qu’Abraham n’eût conçu l’Alliance. Ou, avant que Jésus ne souffrît, le 3ème Cabire, le Basis contenait la Trinité d’Eau, le Sang dans le Graal. Le dieu d’Air, Colombe ou Balancier, porte déjà la Trinité future, à demi Ours, à demi Equerre, Prince de l’Equilibre, à coup sûr.
Car, qu’eût été la Justice-foi, sans l’Alliance? Ou l’Amour-caritas sans le Sang? Que pourrait être l’Inversion de l’Esprit Libre sans le Fil de l’équilibriste, qui la tiendra en harmonie?
Mais, seule, la science panthéiste des 12 portait de tels voyages ou de telles alchimies. Seule, elle portera ce que contiennent en germe, déjà, les aventures et les métamorphoses de la littérature fantastique, de la Connaissance supralogique, de l’invincible Quête du domaine perdu.
Ou, du moins, cela seul est l’œuvre exigée de l’homme, de JE. Tout le reste est l’œuvre de Ce qui est, de l’Etre en soi, que JE nomme DIEU.
Jean-Charles Pichon