Quelques éléments métaphysiques

LES QUETES DU REEL

PAR LES NOMBRES,

LES FIGURES

ET LES VOCABLES

Introduction

L’Histoire, telle que nous la connaissons, est constituée d’une suite d’impostures : bibliothèques brûlées, témoignages falsifiés, les « faits » – passés et présents – sont rien moins que fiables. C’est ce qu’a montré Jean-Charles en étudiant la vie de Néron.

Sur quoi pouvons-nous nous baser pour connaître le cheminement de l’humanité ? Sur les croyances, attestées par des œuvres – architecturales, picturales ou écrites – qui, contrairement aux productions des temps rationalistes, ont réussi à parvenir jusqu’à nous.

C’est à l’étude de ces croyances, de leurs simultanéités et de leurs successions, que Jean-Charles a consacré la plus grande partie de sa vie.

S’aidant des travaux de ses prédécesseurs, notamment Mircea Eliade, il en a, dans un premier temps, dressé l’inventaire, chronologique et universel – dans « L’histoire des mythes » et « L’homme et les dieux ».

L’ordonnancement qui en est ressorti lui a permis de comprendre le mode de pensée des prophètes qui, se basant sur l’histoire cyclique, tirent du passé des enseignements pour l’avenir.

C’est ainsi qu’il a été amené à décrire les caractéristiques de l’ère prochaine, celle du Verseau.

Sa dernière œuvre, qui comporte une douzaine de volumes – et plus d’un millier de pages – porte (mais il hésitait encore à ce sujet en 2006) le titre global : « Le rire du Verseau ».

Un des plus importants volumes de cette suite (à mon avis) s’intitule « La question et le jeu ». Jean-Charles part de la question de Heidegger : « Pourquoi cela est-il là plutôt qu’une autre chose ? » Question qui va en entraîner deux autres :

1-    Pourquoi questionner ?

2-    Les 2 sens de pourquoi :  pourquoi = recherche de la cause;

Pour quoi = dans quel but ?

Dans cette étude, Jean-Charles va recenser les moyens par lesquels les hommes, au long des temps, ont tenté d’appréhender le réel.

Ils l’ont fait avec des nombres, des vocables, des figures.

Nous allons tenter d’esquisser des pistes – forcément simplifiées et incomplètes – de son travail dans ces 3 domaines.

Dans son séminaire sur le transfert, Lacan a dit : « Les dieux sont dans le réel ». Pour Jean-Charles, les dieux sont le réel, et JE (c’est-à-dire l’humanité) y participe, tout à la fois agi et acteur.

Ces dieux, entités, mythes ou archétypes, sont au nombre de 12 et répertoriés dans le Zodiaque que nous devons aux Chaldéens. C’est celui qu’utilise Jean-Charles, dans le document que voici, établi par lui-même. Il va nous permettre d’y voir plus clair, dans les approches que nous allons évoquer.

LES NOMBRES

Pour Platon, la Grande Année, de 25800 ans environ, représente la durée d’un cycle complet, c’est-à-dire le temps de succession des 12 dieux, chacun ayant un cycle propre de 2150 ans.

Ce dernier comprend un temps de préparation, d’approche. Puis un temps de présence effective, de maturité, de plénitude. Et un temps de décroissance, de dégénérescence, d’éloignement, qui se termine par une période rationaliste, d’où les dieux sont absents.

Ils ne meurent pas, ils sont toujours plus ou moins actifs, ils se complètent en s’alliant ou en s’opposant.

Nous les trouvons dans l’Ancien Testament (les 12 tribus), dans le Nouveau (les 12 apôtres), dans l’Islam chiite (les 12 imams) etc.

Chaque cycle de 2150 ans peut se diviser en 12 périodes de 180 ans chacune.

12 = 4 fois 3. Les 4 et les 3 sont particulièrement importants dans l’œuvre de Jean-Charles.

Les 4 nous donnent les cardinaux, les éléments, et le diabolus de Jung, sur lequel nous reviendrons.

Les 3 nous donnent les arts de Boèce : la grammaire (1ère personne ou Je-moi), la dialectique (2ème personne ou je-tu), la rhétorique (3ème personne ou je-lui). Et aussi les 3 vertus de Platon : le Vrai, le Bien et le Beau.

Pour se réaliser, un dieu doit recouvrir les 3 composants de son signe. Par exemple, le dieu d’Amour doit comprendre les 3 signes d’eau : Poissons, Cancer et Scorpion.

Manuscrit Jean-Charles Pichon

Mais il doit aussi avoir recours aux autres éléments. Dans le cas du Poisson, il s’agit du Sagittaire (de Feu), celui qui envoie, l’Archer – mais aussi le dieu de l’Arche -, Arès qui devient Eros; de la Vierge (de Terre), et des Gémeaux (d’Air), Romulus et Remus, ou le Janus à 2 faces. Ce qui nous donne le tableau suivant :

Nous avons donc 6 signes, chiffre de l’unité chez les Assyriens. Les 6 autres se situent à l’arrière plan, alliés ou ennemis des dominants.

Le chiffre 7 se trouve dans la Kosmopoiia (texte grec du 2ème siècle avant notre ère), dans l’Apocalypse,  chez les Sibylles; ce sont aussi les 7 vallées du Colloque des Oiseaux d’Attar. C’est également un chiffre fondamental en alchimie (7 planètes, 7 matières, 7 couleurs du spectre).

Le 5, c’est la base de l’ésotérisme de Salomon, le Pentacle.

Puis nous arrivons au 2, le chiffre de la dialectique, opération spéculative qui, au moins depuis la Grèce antique jusqu’à nos jours, fut et demeure une tentative rationaliste de comprendre l’univers. La dialectique actuelle est celle de la modernisation et de la mondialisation.

Mais le problème d’une dialectique est qu’on ne peut en sortir qu’en en créant une autre. Ainsi, la question de la mondialisation se dédouble dans la question du général et du particulier, qui nous renvoie à la dialectique du Moyen Age concernant les genres et les espèces.

Le 2 renvoie toujours au 3 et, par là-même, au 6, puis au 12.

Quant à l’unité, elle n’est pas accessible directement, sinon par défaut ou par excès, on ne peut que la vivre.

Comment passe-t-on d’un dieu à un autre? Question complexe, qui a constitué le plus important travail des prophètes.

Une des réponses a été fournie par Jung, avec la notion de diabolus. Etudiant la Trinité chrétienne, il s’est demandé quelle était la place du diable dans cette doxa. A la fin de sa vie, il conclut que le diabolus, le 4ème, était celui qui deviendrait le 1er composant de l’archétype à venir. C’est aussi ce que dit le Coran, selon Jean-Charles, Iblis le démon annonçant le Verseau par son inversion.

Nous n’avons évoqué jusqu’ici que les nombres entiers. Jean-Charles a beaucoup travaillé sur les nombres irrationnels, mais nous n’avons pas le temps ici d’en parler. Mentionnons simplement ceux qu’il a retenus : Phi = 1,618; Pi = 3,1416; e-1 = 1,718 et Tau = 2,154. e-1 représente pour Jean-Charles le « degré de liberté », c’est-à-dire le degré de variation d’un cycle, quel qu’il soit.

« Ce n’est pas qu’il soit plus difficile de jouer des nombres que des croyances. Mais, en ce jeu-là, le risque est bien plus grand. Car on ne s’implique pas dans les croyances d’autrui lorsqu’on les considère comme un objet d’étude, mais on s’implique nécessairement dans une méthode qui est l’outil même de la connaissance. Le risque est de s’y laisser prendre et, par suite, de s’y perdre. » La Machine de l’éternité.

LES FIGURES

Comment les figures peuvent-elles nous donner une vision du réel ?

Enumérons-en quelques-unes que Jean-Charles a utilisées, dans les 3 dimensions.

1ère dimension :

les droites nous donnent les cardinaux.

C’est, entre autre, la dispersion des tribus chez les Hébreux.

C’est aussi le carrefour, que l’on peut franchir en force : le PAT (passage à tabac), par la pulsion; ou en bifurquant : le PAN (passage à niveau), par la pression, grâce à la courbe.

Les courbes nous donnent également l’analemme, symbole mathématique de l’infini, que Jean-Charles a beaucoup utilisé, partant de deux cercles entrecroisés, tournant en sens contraires.

2ème dimension :

Le cercle, le carré et le rectangle figurent les Tables (d’émeraude, ronde), les tableaux et les tablatures, sur lesquelles se sont établies les quêtes, tant mythiques ou ésotériques (de l’Hermès trismégiste ou du Graal) que rationalistes (Mendeleïev).

3ème dimension :

Les solides de Platon :  Terre=cube

Air=octaèdre

Eau=icosaèdre

Feu=tétraèdre relient les formes aux éléments.

Les cônes de Yeats, figurés dans ses Visions sont une représentation de la Forme Vide. F.V. : une sortie/entrée, un contenant sans contenu.

Le cylindre de Beckett, dans Le Dépeupleur, autre figure de la Forme Vide, fit l’objet d’une étude de Jean-Charles, intitulée « Si la notion n’est pas maintenue ».

Mais les figures ne sont pas seulement géométriques, elles sont également symboliques, illustratives.

Illustration Pierre-Jean Debenat

« Qu’est-ce qu’un cycle ?

Une roue de vélo, un cœur qui bat,

mais aussi le vélodrome et la danse du sang,

propre ou sali, vide ou chargé. »       Les litanies des dieux morts (Editions e-dite)

Nous en prendrons pour exemple la figure du jet d’eau.

L’eau se rassemble dans le bassin, apparemment inerte, puis elle est happée dans la colonne (un cylindre), et projetée dans l’air. Là, elle se disperse – se dispense – en gouttelettes, puis retombe dans le bassin. Accomplissement d’un cycle.

Jean- Charles a utilisé de nombreux objets (du parapluie à l’entonnoir, en passant par la bouteille, la poignée de porte, les rails et l’aiguillage du chemin de fer…) pour illustrer les quêtes de l’Objet sous ses divers aspects.

Il les a saisis, mis en évidence pour figurer les cheminements de l’humanité dans les différentes phases des cycles divins.

LES VOCABLES

« Les trois questions annexes, sitôt que je les pose, m’apparaissent plus mêlées que Heidegger ne le prétend. Je ne puis suggérer l’une sans évoquer la seconde – et la troisième.

Car si cela est une image ou un symbole, l’une et l’autre, nous le voyons, peuvent être concrets (liés à un territoire) ou abstraits (cartographiés) et leurs êtres, par suite, sont de natures différentes, non seulement entre eux mais en soi-même (concret ou abstrait, réel ou virtuel).

Dans tous les cas, une dualité perdure, qui fait dilemme : « cela, plutôt qu’autre chose ». Et cette contradiction doublée – interne, externe – se présente au questionneur comme une inversion constante – ou bien toujours possible – : de cela à son contraire (ceci).

Or, si je traite de Où ?, je dirai une figure – topologique au premier chef : une carte ou un territoire. Mais, seule une étendue peut être figurée : l’aspect de la chose. Le concept ne l’est pas, que je dois symboliser : Dieu, la vie ou la mort. Je ne puis donc voir en Cela seulement une figure.

Si je traite du : Comment être ? cela doit être nombré, soit par la distance qui sépare cela de la limite (du territoire ou de la carte): les cardinaux, soit par la progression de la chose en + ou en -. Mais des cela ne peuvent être nombrés ou calculés, sinon par l’à peu près, l’approximation, qui préside au calcul. Ainsi de la constante de Planck, « h« , mesure de la double erreur commise sur la distance (la probabilité de position) et la vitesse du corpuscule (sa quantité de mouvements). Cependant, « h » est bien un Cela, et toute une science s’y fonde.

Mais l’insituable, non figurable, et l’innombrable (l’Unité) peuvent toujours être nommés : Dieu ou JE. Par le vocable, la question « Quoi cela ? » embrasse la figure (l’aspect) et le non-figuré (le concept), le mesurable, en +, en -, et le non-mesurable : l’être en soi.

Qu’en est-il donc de l’inversion, si je ne traite que du Cela le plus généralisé : le vocable ?

1)    Il peut s’inverser dans sa forme, ou par la position de la lettre dans le mot, si je traite du vocable comme « signifiant ».

2)    Il peut s’inverser par son sens, ou la tendance, la direction que la phrase lui donne, si je traite du mot dans la phrase (son signifié).

L’inversion des lettres dans le mot

O et E

La dialectique du O et du E remonte au grec le plus ancien (dans la phase Trêta des Gémeaux). Elle dit ce qui est vu, par l’œil : le lit ou l’inclinaison, en Klino et Kline. Dans le temps des cieux et des dieux, dans le déclin –déjà ! – ou après l’apogée du Taureau Mardouk, qui devient le Bœuf (émasculé).

Dans les millénaires qui suivront, les Deux (leur œil, leurs cieux, leurs dieux) deviendront les yeux, le jeu, puis le feu, le creux et le veuf, le neuf, l’aveu, sans oublier le mieux; ou le miel et le fiel, le ciel unique; la vielle et la vieille, la nielle destructrice, etc.

Parallèlement, l’humanité aura connu le fol, le dol, le vol (en ses 2 sens), le bol (le récipient, la chance) et le sol (la terre ou le soleil), etc.

Depuis le Kline les uns, le Klino les autres.

Mais, depuis le Bœuf d’Héraclès, les humains auront inventé d’autres diphtongues pour tenter d’unir le O et le E : le Nœud en attente de l’Amour, depuis Gordius, son créateur jusqu’aux Gordiens, au 3ème siècle, par Alexandre (le casseur); puis l’Oeuf en attente de la Liberté, depuis Colomb jusqu’à  ? par Swift et Bonaparte; Le dilemme de l’ère future se profile déjà, quasi insaisissable : le Vœu (du monastère ou à la fée).

Hors de la diphtongue OE, le O et le E s’adjoignent sans se fondre, par l’addition du M ou du U, dans le complet (combe, comble, complot, complice) ou le couplet (la coulpe, le couple, la coupe seule) – alors que le complet du tailleur et du coiffeur dit tout à la fois la coupe et l’étoffe (ou la coiffe).

L’histoire de l’humanité sur six millénaires, de –4000 à +2000. Les déclins et les cycles du Temps, aussi clairement que je vois se dérouler un film et ses images se succéder.

L’inversion des mots dans la phrase

Elle se dénonce d’abord en l’origine d’un dieu; ensuite, en son déclin.

L’origine

Les quatre siècles qui ont précédé le Christ ou le Bouddah de Charité Çakyamouni apparaissent entièrement contenus dans l’inversion nécessaire de « l’amour de la science » à « la science de l’amour » : des sophistes aux élégiaques, mais aussi de Socrate à Jésus.

Un renversement analogue caractérise les quatre siècles que nous vivons, de 1728 à 2160 (ou plus ou moins) : de la « création de la liberté », fruit de la Franc-Maçonnerie spéculative, à la « liberté de création », à laquelle nous aspirons tous.

La déchéance

Elle s’opère par le canal de la pluralité des sens.

J’en donnerai ces [2] exemples, de déclins consécutifs à l’apogée d’un dieu : de Création, de Justice; les changes de sens d’Opus, de Prescription.

1)    Opus ne dit pas l’œuvre sans dire l’opulence : une saisie de la totalité du monde. Il porte encore ce sens dans l’ancienne Grèce et même dans le vieux latin : opulentia. C’est peu à peu que le vocable restreint son acception, pour dire seulement : l’œuvre de création, puis, finalement, un court ouvrage, un opuscule, seulement technique.

Quand le Taureau s’endort, ou la Vache, il n’a plus que ce dernier sens. Et, quand la Vache renaît, dans l’Inde ou dans l’Islam, rénovant le Souverain Créateur, l’œuvre renaîtra tout autrement, pour ne rien dire de l’opulence.

2)    D’Abraham à Moïse, dans la divinité présente de la Justice (Iaveh, Brama), « prescription » dit : ce qui est avant toute inscription, pour que l’Inscription soit. Car nul n’écrit les lois encore : seul, Dieu les dicte au Juge, à l’Inspiré.

Mais, déjà, quelque hérétique, un servant de l’antique Créateur Mardouk ou Apis, le Taureau, a écrit des lois. Ces Hammourabi ou Ptah  ont donné au vocable le sens : ce qui est inscrit, imposé par là-même. Après Moïse, le Grand Inscripteur, les édits se multiplieront et les nouvelles rigueurs de même, bien que mille prophètes, justes ou législateurs (de Salomon à Solon) s’opposent à la perversion de sens, se veulent encore des inspirés.

Il faudra Jésus ou Çakyamouni pour que « prescription » emprunte un 3ème sens : non plus ce qui est avant l’écrit, non plus l’écrit, mais l’oubli de l’écrit, par humaine compassion.

Puis, deux mille ans seront nécessaires pour que « prescription » perde ce troisième sens et disparaisse, abolissant toute justice. Car, en ce 20ème siècle, quelle prescription est de Dieu ? Laquelle écrite une fois pour toutes, dans l’afflux des jurisprudences ?  Laquelle peut se dire oubli, pardon, au temps de Dreyfus, des procès de Moscou, de Nuremberg et de la poursuite échevelée de quelque bouc émissaire ?

On ne sait plus, on ne régit plus, ne pardonne plus. On tue ou l’on enferme à vie, au tribunal avant la prison ou l’asile« .   La Question et le Jeu

Les vocables, en leurs mues, nous racontent le passé et le présent. Mais nous sommes pour l’heure impuissants à pressentir le vocabulaire de l’ère qui s’annonce. Nous savons seulement qu’il nous faudra jouer des mots. Mais desquels ? Et comment ?

Conclusion

Les vocables, les figures, les nombres, pris séparément, ne peuvent nous donner que des perceptions partielles et approximatives – malgré leur précision et la rigueur de leur agencement – du CELA que questionne Heidegger.

Si je les ai séparés dans cet exposé, Jean-Charles en ses œuvres les mêle intimement et en joue comme un tisserand de sa trame.

La Kabbale déjà nombre les lettres; inversement, les chiffres romains sont représentés par des lettres.

Les lettres nomment les figures; les chiffres les mesurent.

Les figures donnent un mouvement, une direction, un sens aux chiffres et aux lettres.

Quelle est la règle de ce tourbillon vertigineux ?

« La règle en aphorismes

1) Le Voyage recouvre le Meuble : indifférent au meuble, il le transfère. Le mobile recouvre le voyage, comme le projet l’action.

2) Quand un mythe se corrompt au point où la Justice se corrompt aujourd’hui, sa mise en examen devient une nécessité.

3)    Cette mise en examen est effectuée par sa progéniture (prédécesseurs et gène), avec l’appui de ses successeurs et fils. Par ses victimes alliées à ses bourreaux.

4)    Le délit qui libère n’en est pas justifié plus que la vie, que fonde la mort. Mais qui juge la vie ? N’est-ce pas elle, plutôt, qui tranche le débat, en jugeant la justice ?

5)    Ce que le JE humain ignore ou nie, questionnant sans fin, les aspects vivants le font et le disent : le vocable, le nombre, la figure, puisque, en leurs jeux les plus divers, ils le proclament. » Le saut et le pari (1997)

La mise au point

Partout dans le monde il y a des gens qui ne feraient pas de mal à une mouche et qui pourtant torturent leur compagnon ou leur compagne, détruisent des réputations et mènent les meilleurs au suicide, vendent et achètent les armements qui accomplissent les génocides.

Il y a des hommes qui ne diraient jamais un mensonge, par exemple : je vous aime, quand ils n’aiment pas et qui pourtant vivent dans le mensonge. Ils disent : la vérité est supérieure à toutes les religions, lorsque leur religion se nomme Vérité. Ils disent : Dieu est toute bonté, ce qu’il est non moins évidemment que toutes les peurs et tous les courages, toutes les sciences et tous les jeux, toute l’ironie du monde et sa prise au tragique. Et l’envers du Bien, s’il est Tout.

Il y a des femmes aussi qui agissent comme ces hommes et tiennent les mêmes discours. Plus nombreuses, peut-être, puisque elles meurent moins jeunes.

C’est pourquoi on se gardera de telles affirmations douteuses, proférées comme en marge de sa propre existence, et plus généralement de toutes les formules qui, à vouloir trop dire, ne disent rien.

On traquera Dieu avec des nombres, avec des noms interchangeables et des figures géométriques, ou bien on laissera les dieux tranquilles, car ils n’ont pas pitié du chasseur malheureux. Le petit métaphysicien illustré (1985)

Pierre-Jean Debenat

Juin 2008

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