L’ENIGME – Deuxième livre

Deuxième livre :

L’EDIFICATION

L’extrême complexité de l’Enigme ne peut être liée à sa constatation, non plus qu’aux 2 constatations inventoriales dont 2 sommaires portent l’alternative : c’est ceci ou cela. Nul plan ne la contient toute si le plan est partiel : il en faut au moins 2, mais chacun d’eux éclaire. Si le Plan contient les 2 sommaires, successivement, chaque phase systématique en étant éclairée, l’ensemble ne peut pas ne pas l’être.

Si ce raisonnement ne comble pas le raisonneur, il lui est loisible d’user de quelque autre. Si ce qui est et qui me contient offre la diversité la plus grande et si JE ne peut que réduire Cela, cette pluralité, à l’image qu’il se donne de l’Univers (en un moment de sa vie ou une phase de son œuvre), c’est donc que JE lui-même peut être diversifié et que cette pluralité motive celle des images qu’il se donne de ce qui est. Car, si le contenant ne peut être que pluriel, il faut que JE, pluriel, soit contenant à son tour, non seulement de la notion de Chose mais de la notion de Réel…

De fait, JE, comme toute chose réelle, se définit par sa position, en ce point du temps ou de l’espace, et son mouvement dans l’un ou l’autre, par déplacement dans l’espace, par mutation dans le temps.

En progression (+) ou dégression (-), JE suit des chemins parallèles ou qui se croisent, mais aussi droits ou courbes.

Il rencontre un jour sa limite, la brise et s’en échappe, ou se brise et s’éparpille.

Mais, qu’il soit chandelier, échafaudage, coquetier dans l’espace, ou sablier dans le temps qui s’écoule en lui, il demeure un être vertical.

Il l’est encore, œuf que porte le coquetier ou toupie, en sa rotation, puisque le temps continu évolue en spirale.

Il l’est toujours, vertical, dans le jet qui le transporte à sa limite et dans sa brisure (la mort) et son éparpillement (en pluie : la foule), selon qu’il se maintient régulier ou change et se change, comme du jet en pluie.

JE se développe (ou se réduit, dans l’autre sens).

Il atteint ou non sa limite, une contradiction.

Il la brise ou s’y brise, provoquant de toute façon la retombée d’une pluie.

Verticalement toujours, dans l’édification ou son inverse, dont il nous faut parler, ici et maintenant.

1 – Le 1er raisonnement et la question

Le 1er raisonnement joue du contenant et du contenu, en même temps et dans le même espace que de pluriel et du singulier. Les questions devraient être : du contenant et du contenu, lequel est singulier, une Chose, lequel pluriel, le Réel ?

Or, JE ne saisit qu’une chose en soi : soi-même, ce que je suis.

Ce qui est, réel ou chose, devra lui apparaître comme son contenant pluriel, ou son contenu, singulier. Ou à l’inverse, en faisant de son contenant une chose : Dieu, l’algorithme universel, et de JE, le Même, le diversificateur de la Chose, par les images qu’il en reçoit ou par les symboles qu’il s’en crée.

Mais distingue-t-il exactement lui-même s’il est pluriel ou singulier ? Il ne peut considérer que des choses considérables ou que sa mémoire a faites telles. Il ne peut raisonner que sur ou vers un Univers unifié, c’est-à-dire raisonnable.

Sa dialectique propre ne porte plus sur le réel et sur la chose, dans l’alternative du pari, mais sur le considérable, discontinu, distingué (par les sommaires et le plan) ou sur le raisonnable, continu, conséquent. La conséquence ne tolère qu’un seul sens temporel : de la cause à l’effet, du passé à l’avenir, sur lequel se fonde précisément tout raisonnement, toute réduction au plan — du réel à la chose.

Du contenant au contenu.

Au contraire, la considération (accordée au plus grand donné pour « supérieur ») semble jouer de l’espace, où elle s’oppose au rejet, au mépris, consacré au plus petit, à l’inférieur. Ici — non pas maintenant — telle étendue gagne sur l’intervalle qui sépare les étendues : elle se développe, croît, s’amplifie ; ou l’espace/intervalle gagne sur l’étendue, qu’il réduit, amincit, éclipse.

La question, toute simple au début : « Pourquoi cela est-il là plutôt qu’une autre chose ? » en appellera 3 autres : quoi, qu’est cela ? Où, là ? Qu’est-ce qu’être : en devenir, étant, devenant ? Ou devenu ?

Puis, la question elle-même ne sera qu’une parmi 3, dont les 2 autres seront : Pourquoi cette question : parce que ou pour que ? Pourquoi questionner : afin de savoir si je dois poursuivre tout droit ou bifurquer ; continuer ou revenir ?

A la limite : dois-je planifier, par le souvenir (devenu « cause ») ? Ou dois-je m’édifier, par le propos, le projet ou la motivation ?

Suis-je plus singulier que pluriel ? Ou plus ceci que cela ?

Contenant et pouvant dire l’objet (quoi ?), le lieu (où ?), ce qu’est l’Etre ; ou contenu, par ma question, en d’autres, plus générales ?

 

Les 6 questions — ou les 5 ?

Un 1er schème nous offre 3 ordres de questions :

a) En quoi l’édifice s’oppose-t-il au plan ? Il est abstrait, non concret ; vertical, non horizontal ; fondé sur le projet (à venir), non plus sur le souvenir (du passé).

b) En un 2ème schème, les réponses se dialectisent, et les questions se multiplient.

Pourquoi cet objet est-il là, en ses aspects. Quel objet ? Comment est-il ? Où ? Nommable ? Nombrable ? Figuré ?

Ou dans ces concepts divers : l’abstraction ou la concrétude, dans le temps ou dans l’espace ? Horizontal ou vertical dans un espace ?

De l’avenir ou du passé dans le temps ?

Je répondrai déjà au 2ème doute : pourquoi cette question ? J’y répondrai « parce que », jouant de la cause, au passé, ou « pour que », en jouant du projet, dans l’avenir. Je pose la question afin de savoir, vers le Vrai, ou de progresser vers le Bien.

Mais, ce faisant, je rattacherai l’objet en vérité à la constatation plutôt qu’à la mémoire : il me faudra que ce que je vois soit vrai. Soit un coquetier soit un sablier. Soit un œuf soit une toupie. Je rattacherai l’objet à une quelconque morale, au sentiment qu’il me procure plutôt qu’à un quelconque projet. Le coquetier rassure, le sablier épouvante. Si l’œuf donne espérance, la toupie ne donne que le tournis. D’où la nécessité d’un 3ème schème, d’un 3ème ordre de questions.

c) Cette 3ème question, la plus générale, sera : pourquoi questionner ? JE (l’humain) est-il le seul vivant à le faire ? Le cristal, le corail, la plante, l’animal questionnent-ils aussi ? Pourquoi ? Pour décider s’il faut poursuivre — dans le même sens, tout droit, ou dans un autre sens : bifurquer, revenir ? Mais, d’abord, bouger afin que cela change ou demeurer sur place pour que tout soit maintenu.

Ce sera ainsi : ai-je bien atteint à ma limite ? Puis-je la briser ou m’y briserai-je ? La position et le mouvement de l’objet, les miens, auront pris le pas sur l’espace et le temps, sur ma foi ou ma raison. Dirai-je ces dialectiques 6 ? Ou dois-je les dire 5, la question au cœur, au pivot de la balance qui reconduit l’aspect au concept, les objets à quelque jeu ?

 

2 — Le 2ème raisonnement et l’édification

Brièvement, nous avons pu dire du 2ème raisonnement qu’il donne des figures diverses à toute verticalité :

le coquetier et le sablier, dans l’espace ou le temps,

l’œuf et la toupie, dans la mutation mais le mûrissement, ou le déplacement, la rotation : une étendue en expansion, un temps cyclique. Et, finalement, la Raison qui veut forcer le mûrissement, le précipiter, et la Foi, qui craint le cycle alors qu’elle y est contenue ;

le jet et la pluie au terme, par le bris du contenant (le jet) ou du contenu (la pluie), comme de la montée à la descente.

Ces 3 objets dialectiques (ou 6 objets singuliers) figurent, à eux trois, toute verticalité, mais ils ne disent pas clairement si cette verticalité est à prendre dans un sens, du coquetier/sablier à la pluie/jet, ou bien dans l’autre, comme de l’éclat (bris/dispersion) à l’espace/temps du coquetier et du sablier.

Comme une montée (un soulèvement) ou une retombée (un versement).

Les sens de « soulèvement » sont 3 : élévation, révolution, révélation (soulever une contradiction, un lièvre).

Le versement est trilogique non moins : une chute (le versement de la calèche ou du wagon), une inversion (le renversement ou conversion de ce raisonnement ou de cette croyance), une dispensation, comme je verse, déverse quelque liquide, eau ou vin.

Comment l’un peut-il se faire l’autre : le soulèvement le versement ?

Ou à l’inverse ?

Comme la base peut se faire le sommet, ou le sommet la base. 2 mots l’ont fait sur moins de mille ans, plus de huit siècles : le sommier et le soubassement.

Du sommier (bête de somme) au sommier inventaire (judiciaire, à notre époque encore), par les sommiers qui portent le matelas ou le cercle central du tonneau. Du soubassement terminal : l’évasement d’une cheminée au soubassement premier : la base et le support de l’édifice, par d’innombrables soubassements intermédiaires : le parquet du manège ou la terminaison du rideau du lit clos.

On dira que cela n’est plus que jeux (de mots). Mais, de fait, tout jeu comporte une donne, une partie et un enjeu. Selon que je considère en la partie un morceau du tout ou l’ensemble des coups possibles ou joués, l’enjeu se situera tout au début du jeu : un projet, ou en sa fin : en son gain ou sa perte.

Les 6 et les 5

Si JE ne conçoit pas clairement cette trilogie des phases en tout jeu : donne, partie, enjeu, d’une part, et de l’autre la trilogie des jeux et de leurs objets : des pièces, des dés, des cartes, il devra considérer d’autres ensembles trilogiques, tels que des œuvres mythiques d’une part et des concepts de l’autre.

En A, ces objets, les Œuvres, offrent 3 ordres : monothéistes tels que les Testaments, l’Ancien ou le Nouveau, ou le brahmanisme védique et bouddhisme (hors des Védas) : des dieux de Justice d’une part, le Dieu Iahvé ou Brahma, des dieux d’Amour de l’autre : Jésus-Christ ou le Bouddha de Charité, de la Grande Voie.

Tous ont connu un temps de formation, une apogée et un déclin.

Une montée, un sommet et une descente, ou une descente, une vallée, une ascension, selon que je considère ce Dieu en sa durée ou ces Dieux en leurs cycles.

En B, car le concept est intervenu, mais dans un 2ème ordre en A : l’objet ésotérique, des prophètes juifs ou de l’Apocalypse (Ouvreurs des chemins, Upanishad dans l’Inde, les 5 Empereurs en Chine ou les 5 Règnes en Occident, etc.).

Autour d’un cœur, d’un centre ou d’un carrefour : le Livre de Miel de l’Apocalypse, Manu ou Amon ailleurs, la formation d’un dieu et le déclin de l’ancien se présentent comme simultanés. Par exemple, l’Apocalypse dit le déclin des Gémeaux, humainement les Deux Témoins, mesureurs, diaboliquement : les fomentateurs des « plaies » ; et la Renaissance du Sagittaire, le Cavalier à l’arc au moment de sa mort, le Cavalier Blanc au terme du récit, par l’Apolyon dans l’Adonaï, puis le dieu de Gloire, puis le Grand Architecte, etc.

Ce sera, dans la lecture juive (de la Kabbale, puis des cabales), le déclin du Serpent, depuis l’S du NASH, par le Sepher, puis le savoir des Sages, mais le renouveau de la Caper, depuis la Roche Première jusqu’à la future Scheschina, Couronne dans le Royaume.

En C, le 3ème ordre d’œuvres, ce sera le panthéisme des Assyriens et des Hittites, des Romains après les Grecs, ou le polythéisme des Noms, des Imams dans l’Islam, mais également les contes qui perdurent ou meurent au cours des âges, admis les uns, maudits et redoutés les autres.

Les 5 clairement ici : monothéisme, ésotérisme, panthéisme, les contes aimés ou maudits. Bien que les 6 soient indubitables : ancien/nouveau, en formation ou en déclin, imposés ou maudits (car, comme les contes, les panthéismes ont eu, auront leurs dieux, leurs anges ou leurs démons, djinns ou génies. Prométhée là, Iblis ici).

Ordre ou désordre ?

D’une certaine manière, dans le cadre de la foi, les croyances m’apparaissent historiquement ordrées. Ce fut, ce sera toujours :

a) le monothéisme d’abord, le Testament en soi, comme donné par Dieu,

b) l’ésotérisme en 2ème, des Nombres, du Lévitique et du Deutéronome — ou de l’Apocalypse,

c) le polythéisme en 3ème, lorsque le grand Dieu s’est dispersé, par les récits mythologiques ou par les Avars, les Imams, les anges et les démons.

Cette suite répète celle des questions : Pourquoi cet objet, là ? Pourquoi cette question ? Pourquoi questionner ?, où la 3ème ne peut venir qu’après la 2ème, celle-ci qu’après la 1ère.

Mais, si le concept intervient, nous voyons que le monothéisme (a) tend à quelque synthèse, que l’ésotérisme se fonde sur l’analyse et que le polythéisme ne m’offre qu’une hypothèse : des dieux lequel fut le plus grand ? Quel démon sera un jour dieu (après sa précipitation ou son supplice) ?

Il m’est devenu impossible de dire quel concept a précédé l’autre. Si la synthèse est mon enjeu, ne me faut-il point partir d’une hypothèse (sous la forme d’un axiome ou d’un pari) ? Ne me faut-il point partir des dieux et de leur danse avant que d’en choisir un ?

Toutefois, des 3 concepts en leur désordre, l’un pourra m’apparaître historiquement ordré en des niveaux divers. Tels, les 3 analystes du 20ème siècle : Freud, Jung, Lacan.

Or, Freud se fonde sur la figure : le patient couché, offert, l’inquisiteur debout, caché. Son allié ou complice est « le plus ancien » (dans la mémoire de l’humanité comme du patient).

Jung se fonde sur le nombre : ses figures — abstraites — sont toujours nombrées, par les 4 cardinaux le cercle ou les 4 vecteurs de sa « machine célibataire », par les 3 Personnes chrétiennes ou les triangles dissociés. Son allié ou complice est le Diabolus (le double symbole), dont Jung ne sait s’il doit en faire la 3ème Personne, l’Esprit, ou le situer comme 4ème hors des 3.

Lacan ne joue que du mot, vide de tout sens : le signifiant-maître. De ce Signifiant insensé (LOU), un contenant propose le sens : mammifère, poisson, masque pour Loup, selon la phrase qui le contient ; une demande de nourriture ou de sommeil, un plaisir ou un désespoir le cri du bébé perçu par la mère.

C’est ici l’analyse, contenue dans les concepts, qui apparaît ordrée — par les aspects : figure, nombre, vocable, quand les concepts ne le sont pas. Qu’en déduire ?

3 — La ou les ribambelles (s), la 2ème relation

Au point où je suis parvenu, je me trouve devant une impasse. Non seulement les 1ères relations (une récit, un rapport) ne me suffisent plus pour justifier mon choix des 3 figures dialectiques, mais ces 3 objets eux-mêmes se présentent tout autrement que les 3 objets retenus pour illustrer le Plan : l’Ile et la Lettre, le Corps et le piquon, les 2 matrices. Pis : ils présentent en succession la dialectique que les objets du Plan me donnaient pour simultanés : le droit et le courbe.

1- le coquetier et le sablier : des droits,

2- l’œuf et la toupie : des courbes,

3- Le bris du jet et l’éparpillement, puis la retombée de la pluie. Lequel ou laquelle droit (e) ou courbe ?

Il en sera de même si je joue des concepts que je leur rattache :

l’espace (le coquetier) et le temps (le sablier),

le développement et la rotation, comme dans la raison et la foi,

la position à la limite et les mouvements d’ascension et de chute.

Laquelle, de ces dialectiques, contient les autres si je joue de cercles concentriques ? Laquelle est avant l’autre, si je joue de vecteurs directionnels ?

Ces questions, au cœur, m’imposent les 5 :

Objets/concepts — questions — aspects/jeux.

A partir de chacun des 3. Car les questions peuvent être concrètement perçues : Quoi ? Comment ? Où ? ou abstraitement disposées : pourquoi cet objet ? Pourquoi cette question ? Pourquoi questionner ?

C’est ce que montre la ribambelle plurielle, en tous ses sens :

une danse, du Moyen Age jusqu’à ce jour, une pluralité organisée ou non (ni valse ni ronde) ;

le mot en son origine, au 12ème siècle : des rubans (rideau, radeau) et une balance ;

une construction, occupation d’oisif par quelque opération.

Mais triple aussi la ribambelle/construction, par les replis de la feuille, en 4, les trous que j’y perce, le déploiement de la feuille, révélant la dentelle.

Ribambelle (s) n’est perçue/conçue, en sa totalité, que par 3 phases opératives dans les 3 sens ou aspects. Non par les 6, mais par les 5. Par la Question au cœur, objets et concepts d’un côté, aspects et jeux de l’autre.

La 2ème relation ne jouera plus du récit et du rapport, mais d’une jonction (la construction) par une disjonction centrale (le trou), ou de la disjonction, entre le nombre (la danse) et le mot, par une jonction centrale : la construction.

Ce sont ici les 3 phases de la construction qui offriront un ordre certain : je dois plier avant de trouer, trouer avant de développer la feuille. Ce doit être : a b c en B.

Les 3 aspects des ribambelles, en leur pluralité, ne peuvent être que désordonnés. Dois-je d’abord dire la danse (une figure) et pour finir le mot, constitué de rubans, d’où se tirèrent : ridelle, rideau (ce qui entoure et tourne) et radelle (radeau), ce qui préserve, sauve, et de balance, ce qui oscille, remplace une position par l’autre ? Ou plutôt, comme historiquement il semble, la création du mot, dès le 10ème siècle, n’a-t-elle pas précédé le choix du mot pour dire une danse informelle ? De toutes façons, la construction ou l’édification de la ribambelle n’apparaît que beaucoup plus tard, après le quolibet du 15ème siècle, le bilboquet du 16ème.

Mais, de toute façon, jouant des 5, ce sont les 3 contenus : a b c de la construction en B qui se présentent comme ordrés, quand les 3 aspects : la danse (un nombre), la figure de la construction et le mot ne présentent aucun sens, aucun ordre assuré.

C’est tout à l’inverse des 3 analyses (et de leurs aspects) ordrés dans les 3 concepts en désordre. Mais à l’inverse ou non des 3 questions abstraites (les pourquoi ?) et des 3 questions concrètes : quoi ? Comment ? Où ? qui renvoient aux aspects. Quant au dilemme : raison/foi, on sait qu’elles ne cessent d’interpréter toutes deux, afin d’être la mieux ordrée.

Une certitude ? Il semble — je ne peux employer un autre mot — que le Même, cette chose : une question, une croyance, un concept, un objet, implique un ordre déterminé — et que l’Autre (différent dans l’autrement, étranger dans l’autre chose) tolère le désordre ou des sens divers.

Une telle distinction suffit en notre temps. Mais elle n’a pas suffi, elle n’existait même pas au temps de l’Israélite et du brahman, où la dialectique maîtresse était du mouvement (approche/éloignement) et du positionnement (peuplement/dépeuplement), à laquelle nos physiciens quantiques reviennent. Lequel, alors, jouissait-il d’un ordre, d’une mesure, le positionnement ou le mouvement ? Dieu conseille à Moïse le cens des 12 tribus, mais c’est le Serpent/Satan qui le conseille à David, et Dieu punit le roi pour avoir obéi. Il faudra Ezéchiel pour oser recenser les tribus aux cardinaux. Heisenberg montre que la constante de Planck n’est que la mesure d’une indétermination. Le jeu de la position et du mouvement n’est pas plus aisé à conduire que le jeu du même et de l’autre : plus risible seulement celui-là, que celui-ci, comme plus ancien.

Il est de fait que, parmi les 6 schèmes, 3 semblent se suffire de la dialectique du Même et de l’Autre, à condition de la dédoubler : la chose même ou la même, l’autre chose, la chose autrement.

Ces 3 sont les Questions : quoi ? comment ? où ? dans le même objectif : répondre à la question 1ère : Pourquoi cet objet est-il là plutôt… ?

Ou les questions tout autres : celle-là, puis : Pourquoi cette question ? Pourquoi questionner ?, que la logique dote d’un ordre.

Les Jeux : enjeu, donne, partie dans le Même : ce jeu ; et, seule ordrée — historiquement — la suite des jeux : d’échecs, de dés, de cartes.

La ou les ribambelle (s), globale (s). Dans le Même (cette construction), les 3 ordrés : le pli, le trou, la dentelle ; dans les autres (sens du mot) : la danse, l’opération figurée, le mot, hors de l’ordre.

Les 3 autres schèmes, qu’on pourrait dire intermédiaires, sont de fait les plus anciens par l’Hébraïsme ou les plus récents, par Planck. Ils jouent de la position et du mouvement.

Les croyances, ordrées dans l’Histoire : monothéisme, ésotérisme, panthéisme ; dans le désordre le polythéisme (panthéons, anges, démons).

Les concepts en désordre : synthèse, analyse, hypothèse, ou les analyses au cœur, de Freud, Jung, Lacan, historiquement ordrées.

Les objets, liés à d’autres concepts : espace/temps, raison/foi, limitation/éclat. Statiques : le coquetier, l’œuf, le bris ; ou dynamiques : le sablier, la toupie, la retombée en pluie d’eau ou de feu. Ordrés en succession (mouvement), sans ordre en positions statiques. Libératoires là, conditionnels ici.

L’énigme cesse d’en être une si je joue des 4 :

des 2 mouvements : déplacement et mue ; des 2 positionnements : disposition, groupage ;

OU des 2 ordres : historique ou logique ; des 2 désordres, par excès des sens, la foule, ou par manque de sens, la mort.

L’Ordre sera contenu ou contenant selon que JE aura joué d’une quadrilogie ou de l’autre (en notre époque, par le Même et l’Autre, comme, dans l’ère précédente, par la position et le mouvement).

Dans l’ensemble de ces 4 et de ces 4 là, le chaos l’emporte à coup sûr (le hasard des Arabes et de Monod). JE n’y atteint à nulle synthèse, à nulle inversion assurée, à nulle nécessité d’un retour : les 3 objectifs de JE. Mais la Ribambelle m’a fait rire.

Les Lettres

 

Il est certain que, de prime abord, l’illustration de la ou des ribambelle (s) semble complètement étrangère aux dialectiques et aux niveaux que projette l’édification : les soulèvements et versements d’une part, ces objets duels de l’autre : le coquetier et le sablier, l’œuf ou la toupie, la limite et l’éclat, qui recouvrent les notions abstraites d’espace et de temps, de position et de mouvement, de fermeture et d’ouverture, mais aussi des questions, des concepts ou des jeux.

Je n’aurais sans doute jamais songé au très étrange rapprochement sans le jeu célèbre de Raymond Roussel, contant comment il a écrit ses livres. L’exemple qu’il en donne consiste en les 2 phrases qui ouvre et ferme l’une de ses nouvelles :

« La lettre qu’écrit le blanc sur la bande du vieux pillard »,

et :

« La lettre qu’écrit le blanc sur la bande du vieux billard ».

La 1ère lettre est une correspondance qu’un homme blanc échange avec un ami policier ou seulement curieux. La seconde lettre est une notation, une note nombrée que la craie (l’autre blanc) inscrit, pour la rappeler après un coup brillant.

Car la lettre est, bien sûr, une correspondance pour l’un, cette note de valeur pour l’autre, le A, le B, le C que le professeur ou l’examinateur inscrit sur la copie de l’élève, dans la marge ou la bande (une 3ème « blanc »). V pour 5, X pour 10, C pour 100 sont de telles lettres nombrées. Mais également Pi pour 3,14, « e » pour 2,718, Phi pour le nombre d’or : 1,618 ou le nombre que j’ai trouvé : Tau pour 2,155 : des sommations.

Cependant, la Lettre en soi est autre chose que cette correspondance ou ce nombre positionné : une note. C’est d’abord un vocable signifiant, courbe (C ou O), droit (A, V ou X).

L’ordre et le désordre : le sens et le cens.

Il apparaît à l’évidence que la lettre nombrée présente un sens : elle n’est que pour cela. De V à X, je double ; d’X à V je réduis de moitié. Il faut 12 nombres d’or au carré pour donner la même somme que 10 Pi : 31,416.

Correspondance, la lettre n’a pas de sens déterminé : elle peut contenir n’importe quoi, dans n’importe quel ordonnancement.

Nous n’avons cessé, en ce 2ème livre, de distinguer l’ordre du désordre, le sens du cens. Par un contenant : l’ensemble des questions possibles, les phases du jeu, les 3 concepts : synthèse, analyse, hypothèse, où l’ordre n’est pas notable, ni démontrable souvent. Et par un contenu : les questions relatives à l’objet : Quoi ? Comment ? Où ?; les analyses dans les concepts ; les instruments du jeu : pièces, dés ou cartes, historiquement ou logiquement doués d’un sens.

J’ai fait remarquer, mais sans m’y attarder, dans une certaine incertitude, que les contenus ne disent que des aspects :

Quoi ? Lacan ou la pièce (des échecs ou des dames), une nomination ;

Comment ? Jung ou le dé, des nombres ;

Par quelque figure : Où ? Freud et les cartes.

Bien que les ordres historiques y puissent être différents : de Freud à Lacan mais des échecs aux cartes, ils nous demeurent imposés, comme le processus logique, du Quoi ? au Où ?

La ou les ribambelle (s) inversent l’évidence, car les aspects, ici, ne sont aucunement ordrés : du jeu contenu dans le mot (ruban/balance) ou de la danse primitive, lequel a précédé ? Historiquement je l’ignore, logiquement je ne puis le déterminer. Mais je sais, historiquement, que la ribambelle (figure construite) a suivi, de plusieurs siècles, le mot et le nombre. Et ce fait rend dérisoire l’espérance d’un ordre.

Au contraire, il est sûr que les 3 opérations centrales, de la figure : le pli, le trou, le déploiement de la dentelle, exigent un ordre déterminé. Je ne dois pas trouer la feuille avant le pli, ni déployer mon œuvre avant d’avoir troué.

Des 5 qui englobent le tout : mot — pliure — trou — dentelle — danse, ou des 3 : pliure, trou, dentelle, qui disent les phases de l’édification, ce sont les 3 qui ordonnent et les 5 qui dispersent dans la danse, rassemblent dans le mot.

Selon que je joue de la note inscrite sur la bande, sur la marge (un trou) ou de la correspondance qui dit tout ce que je sais sur la bande du pillard, dans le désordre évidemment, bien que j’y donne le nombre des complices, des agents, et peut-être des noms…

La relation 2

Une note — historique — a tenté de justifier la dialectique de l’île et de la gare, mais ce ne fut pas sans situer l’île (du naufragé, au trésor) entre les lettres : un message dans la bouteille ou un rébus, un cryptogramme, sans traiter d’une correspondance, parlant de la gare. Considérées d’abord comme parallèles, l’île et la gare m’ont évoqué au terme des perpendiculaires : l’horizontal, le vertical, comme en tout plan. Par les matrices l’île, par l’espace et le temps la gare. Mais tout cela par le seul jeu de mots sur « relation » : un récit, un rapport… Une tout autre relation m’éclairerait-elle ici sur l’ordre et le désordre, le contenu ou le contenant, les aspects de la concrétude, et le non-spectaculaire, quoique spéculatif, des abstractions ?

Ce seront les aboutissements de toute relation : le relais qui unit, la relaxe qui sépare.

Dans le conte et le compte, comme récits ou rapports, la lettre ou la correspondance, les 2 figures notables n’ont cessé d’évoluer au cours des âges, sur les mille ans : de l’île du naufragé à l’île au trésor l’une, du relais postal (sous Louis XI) à la gare du 19ème siècle l’autre. Bien que, de l’île — et de la lettre — à la correspondance le droit et le courbe n’aient cessé d’y coexister, comme du rayon au cercle ici (l’île au trésor, la matrice concrète), comme de l’angle à sa bissectrice (l’île du naufragé, la matrice abstraite) par l’une ou l’autre relation.

C’est tout différemment que, dans l’édification, les 2èmes relations opèrent leurs partages. Dans le récit devenu la correspondance (sur le vieux pillard) ou dans la notation devenue un nombre. Les courbes ici succèdent aux droits, l’œuf/la toupie au coquetier/sablier : ils ne sont plus simultanés. Mais la disjonction et le joint ne s’offrent pas comme simultanés au terme : l’éclat et la limite dans le bris sans l’être dès le départ, où le bris se nomme : déliement.

Le Haut Moyen Age avait inventé le mot : délit pour dire les 2 efforts et les 2 risques, au plus haut de leur synthèse, dans l’Or. Le 1er déliement devait être du bloc aurifère ou d’ardoise à sa cache dans la terre profonde (le 1er délit). Le 2ème délit était le joint qui liait ensemble les feuillets, et sa brisure le déliement deuxième.

Par les estimations des aspects de la chose arrachée à la terre : espèces, spécialités, spéculations, et par celle du joint, de la gêne, du genre, de sa généralité (du génie ou du gène aussi), les 2 déliements ont occupé JE plus d’un millénaire, dressé contre lui-même ; imposé les combats, déplacé les carrefours. Que le JE soit la seule humanité ou la personne (sur moins d’un siècle alors).

C’est alors que, pour y voir clair, JE dit le coquetier, le sablier, l’œuf, la toupie, un autre bris au terme — et que la ou les ribambelle (s) lui propose (nt) sa ou ses clés, ses passes.

Questions, concepts ou jeux disent une chose claire :

Généraux, ils me sont donnés dans le désordre ; particuliers, spéciaux, dans un ordre — historique ou logique : Quoi ? Comment ? Où ?, les analyses de Freud, Jung et Lacan, les pièces, les dés, les cartes.

Non moins clairement, « ribambelle » dit tout l’inverse :

En sa diversité contenante mais dans le désordre, le mot, la danse, la construction ou autrement ;

en sa construction, contenue mais ordrée : le pli, le trou et la dentelle.

Les premiers disent les aspects : le vocable, le nombre, la figure dans le désordre ; la seconde ne les dit pas, ne disant que les phases de la figure. Dans les questions, concepts ou jeux, le genre désordonné tient les 3 aspects ordrés. En « ribambelle », les 3 aspects, désordonnés, contiennent les 3 phases de la construction, ordrés.

L’usage des lettres

Cherchant à définir clairement le nouveau dilemme, je n’ai pu qu’en dénommer — en mon langage, le français — les parties dans le tout, et le Tout (la partie), même en des langues autres que la mienne car ce dilemme-là occupe des millénaires, non plus 10 siècles, ou des générations plutôt que l’individu.

Le vocable n’est pas le mot sans être la lettre.

Le jeu de l’Ancien Grec, il y a quatre mille ans, portait sur le klino et le kline : le lit et l’inclinaison, en jouant du K (ou C) d’une part, du L, à ne pas négliger, du O et du E d’autre part.

Le L a vécu son destin, du licnon (panier/casque) après le lituus (trompette, bâton) mais en même temps que le lictuus et ses licteurs, jouant des flèches du Sagittaire. Il changera de place dans le mot, de la coulpe au couple, avant de disparaître (dans la coupe).

Mais le O et le E disent tout autre chose.

CON (ou M) dit le complet ou le trou : le complot ou la combe, par déviement. La bande des complices du bandit, du pillard, ou celle du billard ou de la copie (la marge).

La combe n’est rien qu’un vide, un creux. En tant que Tout, le complet dit à la fois : une coiffe et une coupe pour le coiffeur, ou l’étoffe et la coupe pour le tailleur, l’effigie et l’alliage pour le faux-monnayeur comme pour le vrai. Toujours : l’effet d’une part, jouant du 1er délit, le joint ou le partage jouant du second.

COU a donné la coulpe en la Justice, le couple en l’Amour, la coupe pour finir (pleine, puis vide dans le Saint Gréal, le Sang Réal, puis le Saint Graal, le ciboire vide), la Coupe de Galaad aussi : la croix sur le bouclier, qui devient le blason.

Mais, autrement, le O a comme tourné en E. OU (OV, puis OF) est devenu EU, par EF ou EV.

Dans le désordre : bref ou brève, ce qui ne dure pas, bief (le fossé, le trou), puis le rêve ou la crève, du spectacle ou de la vie.

En des ordres divers, depuis les deux, les cieux, les dieux, le feu, le neuf et le vieux autour du creux. Comme des Gémeaux, dieux d’air, jusqu’à l’inspiration et l’expiration du Souffle et de la Balance, par la cohérence du Cancer, le feu solaire, la préservation virginale, dans le sens « direct » des entités.

OU dans le sens précessionnel des signes, depuis le bœuf créateur (divinement le Taureau) jusqu’aux Vœux de notre époque, à la fée ou du monastère, par l’œil d’Œdipe et le Loup aveugle, le nœud des Gordiens et d’Alexandre, le cœur, l’œuf de Colomb et de Swift. Par la double diphtongue : OEU.

Illustration Pierre-Jean Debenat

Illustration Pierre-Jean Debenat

Les 2 et les 3

 

Quelle que soit la formulation de l’Enigme, sa figuration, son nombrement ou sa nomination, elle ne requiert — à jamais — que les 2 et les 3. Mais quelle dialectique ? Quelle trilogie ? Au premier regard, le choix en parait hasardeux, car il n’est pas de raison, ni de croyance assurée pour préférer celles-ci à celles-là. Hasardeusement, j’ai dit le Plan (de la gare dans la ville) et l’Edification de la ou des ribambelle(s) comme dialectique première ; les 3 phases du Jeu : la donne, l’enjeu et la partie pour trilogie certaine.

Mais le 2 sera-t-il pris pour l’un des 3 « premiers » ou pour le fondement des multiples pairs ? Pour un pair ou pour un premier ?

Le 3 sera-t-il pris pour le 3ème premier (la dernière dimension observable et vivable) ou pour le premier des impairs ?

Je ne peux jouer du 2 et du 3 sans me voir opposer une quadrilogie : le pair, l’impair, le premier, le multiple.

Il en sera toujours ainsi. Pour me tenir à mon choix : nous avons vu que la Plan réunissait des observations distinctes, mais que ces observations ne sont que des souvenirs et, donc, le champ du Plan celui de la mémoire : le Passé. Différemment, je n’édifie que selon un projet, parmi tous les projets possibles — ou seulement envisageables. C’est au départ un choix, une restriction motivée, justifiée par quelque projection, dans un avenir lointain ou proche.

Le Plan n’est pas horizontal sans être une appropriation dans l’espace et un souvenir du Passé. L’Edification n’est pas verticale sans être un appropriement, par la restriction, et une projection dans l’Avenir. Les 2 sont en fait 4, que je l’accepte ou non.

Que je l’accepte ou non, ma trilogie, de la donne, de l’enjeu et de la partie, se fragmentera sitôt que je l’aurai nommée, nombrée ou figurée.

Pour chaque joueur, la donne n’est que partielle (au 1/2, au moins, entre 2 joueurs). Mais 2 donnes pourront être semblables (aux échecs, aux dames), en toutes leurs pièces, diversement nommées : pions ou figures, pions ou dames. Elles pourront être crues dissemblables, aux cartes (figurées). Elles pourront être crues semblables, aux dés, à la loterie, pareillement nombrées, alors que l’un des partenaires, le tenancier (le casino, l’Etat) en aura ordonné diversement les chances, les probabilités, de manière à s’assurer toujours du gain.

De fait, les donnes seront non seulement semblables ou dissemblables mais définies en position ou mouvement (les pièces), valeur et figuration (les cartes), groupages et destinées vers le gain ou la perte (les dés). Adjointes au semblable et au dissemblable, cette technique et cette chance reconstituent les 4 ; que je nomme technique le choix de la position, l’art du groupage, la considération de la figure ; et que je nomme chance le produit de la tendance, de l’inclination (inclinaison) ou coup.

Pour l’un quelconque des joueurs, l’enjeu peut précéder la donne, quand celle-ci est semblable pour les joueurs (aux échecs ou aux dames). Il suit la donne mais précède la partie lorsque les chances sont dissemblables (aux cartes). Il se modifie, change au cours de la partie, coup après coup, aux dés, à la loterie (et au poker). Au poker comme au baccara, où le nombre prime comme aux dés.

La distinction situe le point où l’enjeu doit se formuler avant la donne, après la donne ou dans le cours de la partie, mais d’autre part précise s’il doit se fonder sur l’espace ou le temps, la raison ou la foi, la position ou le mouvement pour faire court. Et voici de nouveau les 4, bien qu’il soit malaisé de les distinguer des 6 : les 3 positions de l’enjeu et ses 3 fondements.

La partie pose un dilemme différent, toute entière contenue dans le Vocable. Quand je dis « partie », dis-je un fragment du Tout ou l’ensemble des coups ? Ici, les 3 aspects se retrouvent en toutes les distinctions imaginables : des questions, des concepts, des jeux, etc. Mais ils disent le Tout dans les ribambelles : un nombre, une figure, un mot, et un court fragment des concepts : les analyses : figures pour Freud, nombres pour Jung, mot pour Lacan. Ils disent la plus courte question : quel objet ? Pourquoi est-il là plutôt qu’un autre ? Pourquoi cette question ? Pourquoi questionner ?

En chaque jeu particulier — et donc en tous — je pourrai distinguer la donne, la partie, l’enjeu, qui ne doivent rien aux aspects ; mais, historiquement, l’ordre des aspects fut tel : les noms des pièces d’échecs, les nombrements des dés, les figures des cartes.

Tantôt ordrés, historiquement ou logiquement, tantôt dans le désordre les aspects sont présents en toute dialectique, en dépit de la variété des questions, des concepts ou des jeux.

Les 3 ne sont pas ce que, hasardeusement, j’ai avancé, mais ces 3 aspects, sans cesse présents. Les 2 ne sont pas ce que j’ai dit d’abord mais, hors du semblable et de l’ordre, du contenu et du contenant, du continu et du discontinu, du peuplement et du dépeuplement, de l’éloignement et de l’approche, du même et de l’autre : le Tout et la Partie : un Tout dont l’homme de raison fera le Système et l’homme de foi l’Ensemble, une partie dont la raison fera un ensemble et la foi un système.

Les 4

Les 4 me sont apparus clairement démontrables dans les phases du Jeu : horizontal, vertical, une appropriation par la mémoire, un appropriement dans l’avenir.

Ils me sont apparus considérables

dans la donne : le semblable, le dissemblable, la position et le mouvement ;

dans l’enjeu : l’avant, l’après, le maintien, le change ;

dans la partie : système pour la raison, ensemble pour la foi, mais fragmentaire d’un tout ou recueil de tous les coups, selon que je les situe aux termes ou dans l’intermédiaire.

Dans l’opposition à laquelle j’aboutis, de mon choix hasardeux, premier, et de ma démonstration finale, que deviennent les 4 ?

Soit : le plan et l’édification de » mon début, les 2 parties au terme : contenue dans le tout ou contenante des coups.

Soit : le choix de JE et les 3 phases du jeu d’une part, les 3 aspects et le jeu de mots sur « partie » de l’autre.

Dans le premier cas, je laisse les trilogies en dehors du décompte, comme le rationaliste rejette la Doxa : j’en fais de simples annexes, à coup sûr négligeables.

Dans le second cas, j’annexe les trilogies à mon décompte, comme l’irrationnel le fait de la Doxa, et me voici loin du compte. Je ne dis plus les 4 mais 10 ou 2 fois 5. Les 3 phases et les 3 aspects s’adjoignent à la quadrilogie.

Nécessaires partout, les 4 m’imposent un manque, par le rejet de l’annexe, ou un excès, par l’annexion. Inventés pour ordrer, ils ne font que le désordre, par le vide ou le chaos. Ou le Réel est ce désordre, mais je constate qu’il ne l’est pas ; ou le 4 n’a pas d’existence réelle. Ce sera l’un ou l’autre.

Les 2 et les 3 suffisent au compte comme au conte. Sinon leur somme : 2+3 = 5, ou leur produit : 3 X 2 = 6.

A l’approche d’un centre dans le plan ou d’un sommet dans l’édification, il n’est pas démontrable que les 5 aient toujours précédé les 6, car ces temps sont trop éloignés et le plus récent (de Justinien à Charlemagne) nous demeure obscur, mais nous savons que les 3 Personnes d’une part, le manichéisme des conciles de l’autre ne s’adjoignaient que dans la vie du Saint. Légendairement, deux millénaires plus tôt, le 5 demeure lié aux personnages mythiques d’Orphée et de Jason, des Chang en Chine et des vieux peuples amérindiens : Hopis, Mayas.

Il est assuré que, sitôt la sortie du « Royaume », l’éloignement de la Présence, le 6 doit céder au 5 : l’étoile de David au Pentacle de Salomon, et deux mille ans plus tard, la dialectique double des premières kabbales à l’Arbre du Zohar, les 6 d’un Erigène Scott aux 5 règnes des Chinois ou des prophètes chrétiens, des « quintessences » déjà.

Avant les Justinien, après les cathédrales, les 3 d’une part, les 2 de l’autre ne peuvent que s’opposer, par grand malheur !

Des 4, historiquement, il n’est jamais question, si ce n’est dans les systèmes de Platon et de Boèce, naguère, de Kant aujourd’hui, jusqu’aux 4 forces de notre dernière physique. Car la 4ème dimension n’est qu’une invention systématique, abstraite, dénuée de la moindre concrétude. A moins que ce ne soit l’ultime alibi de JE.

D’un JE analyste :

le divan de Freud, et le recours du « plus ancien » quand le 3ème est déjà là ; le recours du plus ancien : la représentation ;

l’ultime jeu de mots : le signifiant-maître de Lacan ;

la part du Diable, du diabolus jungien.

Afin de sauver, toujours, l’Inexistant, de l’arracher au scandale de son inexistence.

Le chaos et le choix

Depuis Sumer et son Taureau, depuis l’invention du mythe de Création en quelque Eden, JE n’a cessé qu’en de courts moments (le temps des Juges, le temps des Saints) de rêver d’un Tableau Général sans jamais le réaliser, car l’ajout d’entités nouvelles, de Justice, d’Amour et de Hiérarchie, de Préservation, etc., le rendaient de moins en moins réalisable.

Aujourd’hui même, l’union des 2 Livres, le Plan et l’Edification, exigerait que je rassemble en une seule œuvre :

le début et la fin, les délits médiévaux, les déliements au terme, en quelque espace-temps,

la position et le mouvement, comme par la constante de Planck : « h », la fermeture et l’ouverture, le continu et le discontinu, en toute limitation,

mais aussi le contenu et le contenant,

le pluriel et le singulier,

l’entrée et la sortie,

le trait et le point, le droit et le courbe, l’horizontal et le vertical (couché/debout) dans la figure,

et toujours le désordre et l’ordre, etc.

Pour seulement dire tout à la fois les relations du 1er livre : le récit, le rapport, et celles du 2ème livre : le relais et la relaxe, en même temps que les sens divers (3) de note, lettre et correspondance. C’est évidemment impossible.

Je n’aurais pas dû avoir besoin, pour le démontrer, de rappeler les successions des EV, EU et OEU dans le COUplet ou l’antinomie du complot et de la combe, mais l’accord de l’effet et de la coupe dans le COMplet. Je n’ai même pas eu besoin des « bandes », une association de bandits ou une marge, un trou (que disent la foule et la mort, l’X et le O) : l’abstraction plurielle du Trust, la concrétude de la Truelle, tous deux issus du Trou… jusqu’aux multiples sens que notre histoire récente (celle de Marx) en tire — entre le capitalisme et le prolétariat. Mais les trous médiévaux les contenaient déjà, ces sens, en tant que déliements : le trou dans la terre pour en extraire le bloc, la disjonction du lien ; ils ont subsisté pendant les mille ans, dans le conflit sans cesse renaissant entre l’espèce et le genre : spécialités, spéculations, depuis l’aspect, généralité, gênes ou gènes, génie depuis le joint.

Il n’était besoin de rien de tout cela pour admettre le chaos où tout cela conduit… Mais des constructions, des ribambelles réduites, minutieusement choisies, échappent à ce destin.

Ce ne sont pas seulement les périples, ordonnés par les îles mythiques — de Gilgamesh, Ulysse, Simbad vers l’ouest, puis l’est, mais des ouvrages, des poèmes intermédiaires, comme surgis des temps rationalistes : le livre des Deux Chemins ou les parcours d’Enlil-Outoul en l’avènement de la Justice, ou les derniers Upanishad indiens, puis les Apocalypses, dont la plus parfaite, celle de Jean, en l’avènement de l’Amour.

Pour ne traiter que de ce dernier poème (modèle pour les mille ans qui ont suivi), on sait que 6 entités diverses s’y succèdent, comme des rubans ou des bandes diversement colorées : les Sceaux, les Trompettes, les Tonnerres, les Signes, les Coupes, les Cités/montagnes ; mais qu’en l’histoire de chaque entité, 7 phases (sceaux, trompettes, tonnerres (non dits), signes, coupes, cités en disent l’inévitable déclin.

Mais, d’une autre manière, depuis un pivot-centre : le Livre de Miel, des cercles ou des cycles concentriques s’y offrent :

le M du Livre de Miel au cœur,

puis le T de trompette ou de tonnerre,

le S des sceaux, le S des Signes,

le C des 4 cavaliers en son début, celui des Coupes, des Cités et du Cavalier Blanc au terme.

En cette balance, ce balancement, le Cavalier à l’arc commence, le Cavalier Blanc finit — tous deux le Sagittaire.

Au cœur, le Livre de Miel est l’UN, par les 24 vieillards assis en cercle autour du Trône de l’Agneau.

Depuis la mort du Sagittaire, en l’ère cancérique, se sont succédés les 3 autres cavaliers, les 3 autres sceaux et les 3 premières menaces des trompes. Vers le renouveau du Sagittaire, depuis le Livre de Miel, se seront succédés et se succèderont les signes, les coupes et les cités-montagnes, par les Bêtes, les Plaies, les Marchandages, comme par les Cornes bestiales, les Simulacres des deux Témoins jumeaux, les replis des serpents ou des Reptiles — dans les 3 têtes de l’Hermès Trismégiste.

Mais, dans une lecture autre, 2 entités séparent la mort du Cavalier à l’Arc du Livre de Miel : les deux Témoins gémelliques, puis le Taureau. 2 entités séparent le Livre de Miel de la Jérusalem Nouvelle : les Poissons, le Verseau.

Selon que Jean joue du sens direct ou du précessionnel.

Dans le déplacement des entités cycliques, ou dans la durée de chacune…

Ici et là, des ordres divers triomphent du désordre, quelque choix du chaos. Me faudrait-il donc écrire un 3ème livre, où je dirais le déplacement et la mue — une dialectique absente des deux premiers ?

Jean-Charles Pichon

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